30 novembre 2020

L'anomalie

L'anomalie d'Hervé le Tellier est sans aucun doute bien loin de mes lectures habituelles. C'est un peu un OVNI alors qu'en matière de littérature je suis très terrienne. J'aime les histoires ancrées dans le réel, les personnages qui me ressemblent un peu, qui aiment, vivent, souffrent, se dévoilent. 
 
De Le Tellier, je n'avais lu qu'un livre il y a quelques années "Assez parlé d'amour" que j'avais trouvé plutôt réussi. Mais surtout, j'aimais sa voix, sa fulgurance spirituelle, ses jeux de mots de vrai Oulipien écoutés pendant des années sur France Culture dans les papous dans la tête. 
 
De l'anomalie, j'ai dévoré les 100 premières pages, fascinée par des personnages aussi troublants que charismatiques (sans doute mon coté terrienne) . Le Tellier dépeint une galerie d'humains dont on devine un lien mystérieux (façon roman chorale). Quel peut bien être le point commun entre un tueur à gage, une avocate, un couple en perdition, un traducteur, une gamine et sa grenouille, un chercheur en mathématiques ? Visiblement un Paris New York en 2021. Ils sont tous profondément attachants et chaque chapitre donne envie de poursuivre pour une nouvelle rencontre…
Puis survient l’Évènement, celui qui va faire chavirer d'un roman classique à un roman de science fiction entre philosophie, politique et statistiques. Nous voila baladés entre surréalisme et rationalité. Rien ne semble approximatif, Monsieur Le Tellier est diplômé de mathématiques et cela se sent. On n'est pas ici dans l'approximation. L'évènement serait donc possible ...(je m'arrête là pour ne rien divulgâcher!) 
 
A tous ceux qui me demandaient "alors, tu as aimé ?" Je répondais difficile de parler de ce roman sans en abimer le mystère. Le fameux Événement ne peut se raconter. Il faut le lire. Difficile aussi de dire que j'ai adoré. En revanche, ce qui est certain, c'est que le livre m'a interpellée et réellement marquée par les questions qu'il suscite sur notre rapport à la vie, à notre identité, notre unicité.  Quid de nos amours, nos maladies, nos infimes existences s'il fallait les revivre? 
Merci Monsieur Le Tellier de m'avoir un peu sortie de ma zone de confort littéraire (et dieu sait que pourtant je déteste les turbulences !)

5 novembre 2020

Né d'aucune femme

Un immense merci à AC pour ce prêt ! 

Un de ces romans inoubliables par sa puissance littéraire et romanesque ; un modèle du genre en matière d’écriture, ou comme dépeindre l’innommable avec intensité et poésie parfois. Et pourtant le livre le plus violent lu à ce jour.

Rose a 14 ans, elle est vendue par son père Onésime pour quelques pièces d’or … C’est le début du calvaire pour elle, calvaire raconté dans ses cahiers, « les cahiers de Rose », comme un rappel de l’importance de l’écriture, celle qui transmet, celle qui perpétue, celle qui permet de ne pas oublier.

Il n’y pas que peu de détails de date et de lieu pour nous faire percevoir sa transposabilité à chaque coin du globe et à toutes les époques.

Elle est racontée par les différents protagonistes, Rose, d’abord, sublime héroïne, prisonnière de l’incarnation du mal et de l’ignominie.  Viennent ensuite le regard d’Edmond, impuissant spectateur des souffrances de Rose, Onésime et sa culpabilité, la mère, etc.   

A chaque page, j’avais la gorge serrée, oscillant entre envie de tout poser (tant la lecture est douloureuse parfois) et frénésie de lecture dès que l’auteur laissait entr’apercevoir une lueur d’espoir.  Chaque souffrance infligée à Rose était un coup de poing dans mon estomac, chaque regard d’Edmond une caresse laissant croire en la bonté humaine.

A lire. ÉVIDEMMENT

30 octobre 2020

Bénie soit Sixtine

Il y a quelques semaines, je me souviens avoir lu un résumé alléchant sur ce premier roman (découverte  de Vanessa Springora, aux Éditions Julliard) sur l'emprise et la fuite d'une jeune trentenaire du milieu catholique intégriste.  Faut dire qu'en matière d'emprise, Vanessa Springora a de quoi avoir du flair (cf. le consentement). 
 
Au commencement, il est question d'une jeune femme, Sixtine élevée dans la plus pure tradition catholique, par Muriel et Bruno, avec prières quotidiennes et confessions obligatoires. Quelques pages plus tard, la voila vierge et mariée à Pierre-Louis, un catholique pratiquant, rétrograde et violent envers tout ce qui ne répond pas à la SA morale divine.  Chez eux, pas de place au plaisir, tout n'est que sacrifice et rédemption. Rien ne lui est épargné : rapports sexuels obligatoires sans plaisir (pourquoi donc ?),  nausées de la grossesse, accouchement sans péridurale). La femme n'a pas à travailler, elle est là pour préparer des cakes qu’elle se doit de servir à 16h tapantes, dans de jolies assiettes en porcelaine et pondre de petits héritiers... Sixtine étouffe entre une belle-mère omniprésente et ce mari violent. 

A la suite d'un événement tragique que je ne dévoilerai pas, elle s'enfuit, tentant d'échapper à cette prison spirituelle.  Fuite brutale avec son gamin sous le bras et le Break de son époux pour une plongée dans un monde totalement parallèle, de marginaux un peu déglingos et musiciens chaleureux. Fuite assurément salvatrice dans un environnement où c'est la musique (et le pétard) qui font oublier les péchés...

En parallèle, on découvre au travers de lettres de sa grand-mère, Erika, l’héritage culturel,  bien moins traditionaliste qu'on ne l'imagine, des ancêtres de Sixtine.

Entre thriller et réflexion philosophique sur l'emprise et la condition féminine, un roman passionnant! 


10 octobre 2020

Antoinette dans les Cévennes

Une petite comédie romantique sans prétention qui donne surtout envie de rechausser les pompes de randonnée pour se recentrer, se concentrer sur l'essentiel et respirer l'air frais des montagnes. 

Me tarde cet été, tiens !!

La daronne 0/5

C'est simple, j'ai trouvé ce film pénible, inutile, pas drôle! Le film échoue partout là où le  livre d'Anne-Laure Cayre brille par son cynisme et sa noirceur.

Isabelle Huppert, pour laquelle je n'ai pas une passion (c'est peu de le dire) n'est jamais crédible ni émouvante...Elle surjoue voire dénature totalement le personnage de Prudence, pourtant troublante dans le livre. Il faut la voir porter péniblement des sacs de shit, que l'on sait factices à 100 km pour se demander si elle est comédienne! Quant à son amoureux (Girardot), sa naïveté fait peine. 

Mème les petits dealers de banlieue, dont Anne-Laure Cayre se moquait avec tendresse par leurs attitudes, leurs accoutrements sont fades! 

Enfin, ce qui faisait la qualité du livre, c’étaient les références au passé, à l'enfance, ces rapports familiaux troublés, dans cette famille pas très honnête, où le jardin servait  parfois à cacher des cadavres. Rien de tout cela ne transparait dans ce "mauvais téléfilm". Bref, vous l'avez compris: j'ai détesté.

Passez votre chemin, zappez la séance ciné, courez chez votre libraire, pour le même prix vous avez un roman désopilant !!


5 octobre 2020

Histoire du fils

Vous connaissez peut être mon admiration pour Marie-Hélène Lafon (MHL). 
Il y eut d'abord "L'annonce" qui m'avait emmenée il y a près de 10 ans, loin dans un Cantal  austère, au milieu des bêtes et des agriculteurs solitaires. Puis "Les Pays", en 2014, oh combien émouvant par son caractère autobiographique.  Et cette plume, incomparable, ...rugueuse parfois,  précise toujours,  ce style, aiguisé, impeccable !  J'aime tout chez MHL mais surtout son phrasé, son érudition. J'aime qu'elle m'apprenne de nouveaux adjectifs, qu'elle m'emporte avec son écriture hors du temps, si atypique pour une auteur de notre siècle.

Dans celui-ci, il est question d'un fils, André né de Gabrielle, une mère absente, parisienne, distante et de père inconnu. André est élevé par sa tante Hélène dans le Lot.  Il grandit heureux, choyé, unique garçon, brillant et adoré de tous. Pourtant l’absence, celle des racines, est là, en filigrane sur près de 100 ans. L'histoire (et c'est là ce qui en fait le charme ) est construite comme un puzzle, une fresque chronologique désordonnée qui s'emboite chapitre après chapitre de 1908 à 2008. Comme d'habitude avec MHL, ça sent le terroir, les traditions et le silence de la campagne. On ne dit pas grand chose mais on ressent beaucoup.

Andeé, Paul, Hélène, Gabriel,  et les autres....qu'ils sont beaux ces personnages, qu'ils vont me manquer.

26 septembre 2020

Paradis avant liquidation

Monsieur Julien Blanc-Gras (JBG) a décidément un talent dingue. Après ses géniaux "Touriste et "Comme a la guerre" je plonge dans "Paradis avant liquidation". Plongée en apnée puisque je n'ai pas pu le lâcher tant ce livre est percutant de cynisme et de drôlerie. 

Sur le papier, c'est un roman de voyage aux Kiribati, pays d'Océanie... voyage, voyage, dans un pays à la fin programmée ! Dès les premières lignes le ton est donné:  "il y a des pays en voie de développement et des espèces en voie de disparition. La république des Kiribati est un pays en voie de disparition". Parce que c'est avant tout le récit d'une catastrophe annoncée, un océan avec une date limite de consommation et des rencontres avec les habitants forts démunis sur un île tout sauf paradisiaque entre pollution, pauvreté et immobilisme des autorité.

C'est particulièrement fort bien écrit et bourré d'humour comme d'habitude avec JBG ! Morceau choisi : En usant de généralités, on pourra affirmer qu'on rencontre aux Kiribati les gens les plus serviables et les moins efficaces du monde. On acceptera toujours de vous aider et on y parviendra rarement. Tout est facile, rien ne marche. C'est le charme et le drame de cette contrée.

Épatant!

Un enlèvement de Francois Begaudeau


Merci le Masque et la Plume pour m'avoir donné envie de suivre l'histoire de cette famille d’insupportables bobos, plus bourgeois que bohèmes. 200 pages de vacances à Royan avec les Legendre...entre running,  parentalité positive, yaourts bio, smoothies et yoga ! C'est caricatural et cynique. On lit cela comme on feuillette les pages en papier glacé d'un Elle déco, en se disant  qu'on va continuer les yaourts marque Repère et ne jamais commencer le pilâtes !

31 août 2020

Bexit romance

Laborieux serait l'adjectif qui convient le mieux à cette lecture d'une auteur pourtant reconnue : la jeune Clémentine Beauvais. D’ailleurs, son précédent livre "Les petites reines" m'avait plutôt séduite sous des airs de "livre pour adolescentes plus profond qu'il n'y parait"!

Revenons à Brexit Romance. Commencé au début du mois d'aout, j'ai eu le temps de finir 5 livres entre temps tellement celui-ci me tombait des mains toutes les 30 pages. C'était même devenu une running joke familiale à chaque nouveau livre acheté en mode "dis, t'as pas Brexit à terminer avant ? "

Le problème de ce pavé de 537 pages (je les ai comptées) c'est que c'est TRÈS long, pas particulièrement bien écrit et globalement pas drôle (en tous cas pour moi ...).

L'idée de départ est plutôt sympathique. Justine, une jeune londonienne monte une société de mariages arrangés entre britanniques et français pour contrecarrer le drame du Brexit. Autour d'elle gravitent un lord britannique extrémiste, Marguerite une jeune soprano de 17 ans, Pierre son coincé prof de chant. des pro Brexit, des activistes fervents opposants. On surfe sur les incompréhensions de langage, quiproquos et autre différences culturelles. Londres vs Paris, choc des cultures.

C'est sensé être remarquable. Et bien, personnellement, j'ai du passer à coté de ce bijou (Cf la critique du Monde : https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/09/15/clementine-beauvais-l-ecrivaine-qui-fait-du-brexit-une-comedie-romantique_5355647_4408996.html). 

Je n'ai vu ni comédie romantique moderne, ni satire drolatique franco-britannique,  encore moins un feelgood book pétillant. Rien de tout cela pour moi. Et, si à certains moments, j 'ai cru déceler une parodie des livres des sœurs Brontë (le lord, le château, les parties de croquet, les scènes d'amour cucul dans le jardin fleuri), on finit presque par s'interroger sur leur caractère intentionnel.

Bref, même en vacances, avec la bruit de la mer, et les embruns, j'ai souffert !

26 août 2020

Chavirer

Chloé 13 ans et des poussières est une collégienne de la banlieue parisienne, anonyme et transparente. Son rêve, devenir danseuse. 

Elle croise un jour dans sa MJC de quartier, la route de Cathy, prédatrice de chair fraiche en tailleur. Celle-ci lui fait miroiter une bourse et l'entrée dans Galatée, une fondation aux contours mal limités. Sous les ornements dorés et les salons de velours, se cache en fait un réseau de pédophiles en costard. À l'âge de tous les possibles, dans une réalité sans relief, le piège se referme pour Chloé qui en plus se se faire happer par le réseau, servira de recruteuse pour Cathy. S'en suivront des années de culpabilité, de secret puis de reconstruction.

Le livre, en plus de nous narrer la capture de la jeune proie nous propose de très beaux portraits de femmes (Chloé, Betty, Claude et tant d'autres) sur plusieurs décennies, entre Mylène Farmer, Goldman, les années Drucker et la génération #metoo.  Des décennies, pour mieux nous montrer la souffrance qui s'infiltre et se faufile années après années, ces vies rayées,  ces rapports aux corps compliqués et ces silences qui en disent long.

L'écriture de Lola Lafon est à l'image du roman, précise et incisive. Chaque mot semble trouver sa place pour nous offrir une très belle réflexion sur la culpabilité mais aussi l'oubli et le pardon. 

Un très beau roman de cette rentrée littéraire 2020. 

20 août 2020

Comme à la guerre

Librairie des vacances, août 2020, Arcachon. Prise d'une gigantesque flemme à l'idée de mettre le masque pour rentrer dans la boutique, je jette un regard distrait aux romans de poches en présentation dans le bac devant la librairie. Tiens, un livre de Julien Blanc-Gras, auteur que j'aime beaucoup*.

Le titre "Comme à la guerre" m'interpelle,  tout comme l'image troublante d'un soldat de plomb côtoyant un biberon. Le filet sur la couverture précise "un livre d'une rare sensibilité".

Je retourne le poche, découvre le résumé éditeur...."Le jour de la naissance de mon fils, j'ai décidé d'aller bien, pour lui, pour nous, pour ne pas encombrer le monde avec un pessimisme de plus. Quelques mois plus tard, des attentats ont endeuillé notre pays. J'en étais à la moitié de ma vie, je venais d'en créer une et la mort rôdait. L'Enfant articulait ses premières syllabes avec le mot guerre en fond sonore. Je n'allais pas laisser l'air du temps polluer mon bonheur. » 

J'entrevois une histoire qui pourrait m'émouvoir...

Ce que je n'ai pas imaginé, c'est à quel point ce livre en plus de me toucher en plein cœur, allait me faire rire. Demandez à l'Homme qui partage le canapé en face de moi pendant mes instants lectures, le nombre de fois où je me poilais, lui lisais des passages particulièrement savoureux, commentant tour à tour par des "il faut que tu le lises", "écoute un peu ça", "c'est formidable ce bouquin", "tu vas adorer"...!

Julien Blanc-Gras nous offre dans ce tout petit roman une magistrale démonstration de poésie, de tendresse teintée d'ironie et d'humour noir.

À lire de toute urgence !

*lisez Touriste, du même auteur, c'est formidable aussi.

18 août 2020

La daronne

La petite pépite de mon été ! 

Critique en cours ...

Deux soeurs

Après avoir refermé la dernière page de ce roman de Foenkinos, englouti goulûment en une journée, je m'interroge. Ai-je aimé ? Réellement apprécié ? Pas si sûre après digestion...

Certes, j'ai dévoré le livre en quelques heures, comme embarquée sur une pente glissante. Assurément, le propos est intéressant...On y évoque le désarroi et l'abime causée par une rupture amoureuse, la rancœur laissée par une trahison et l’ambiguïté des rapports de sororité. Pourtant, la manière de faire me laisse plus dubitative. C'est un peu convenu, facile. Comme à son habitude, l'auteur nous entraine avec ses procédés stylistiques sympathiques (les fameuses notes de bas de page) pour nous laisser comme deux ronds de flancs à la 200e page, avec une fin à la limite du ridicule.

Amis lecteurs, fan ou non de Foenkinos, je voudrais bien vos avis !

Térébenthine

Merci Babelio, Masse Critique et les éditions nrf pour ce beau moment de lecture. 

Il y a 3 ans environ, je découvre Carole Fives grâce à Masse Critique avec "Tenir jusqu’à l’aube". D’emblée, j’aime son style, sa façon de nous entraîner sans nous épargner, de nous faire passer par toutes les émotions ! J’enchaîne avec le génial "Quand nous serons heureux", un recueil de nouvelles aussi acides qu’émouvantes puis le troublant « une femme au téléphone ». 

À l'annonce de ma sélection pour recevoir son nouveau roman, j'attends fébrile, guettant la boite aux lettres chaque soir. Il arrive un samedi matin et je plonge alors dans Térébenthine, sans trop savoir à quoi m’attendre. La quatrième de couverture évoque un trio d’amis, artistes peintres à l'école Nationale des Beaux Arts, à une époque où la peinture ne fait plus recette... Ce monde m’est étranger ; je ne suis pas une artiste. Je n’ai aucun talent mais j’y suis sensible toutefois. La peinture et la musique m’émeuvent parfois, la littérature souvent ! Vais-je adhérer ? La réponse est oui ! 

Le titre « Térébenthine » est à l'image du roman, odorant et évocateur. Dès les premiers pages, nous voila plongés avec Luc, Lucie et un personnage féminin, narratrice jamais nommée (entres les lignes Carole Fives, je pense) dans les sous-sols des Beaux Arts, au milieux des effluves de white-spirit. On y peint, on y refait le monde, on lutte pour un peu de reconnaissance. Aux étages, on y enseigne. Les œuvres et leurs maitres. Car, derrière les œuvres, c'est un hommage aux artistes que propose l'auteur en particulier aux artistes Femmes de toutes les époques souvent non reconnues à leur juste valeur. 

Et surtout il est question du passage de l'image aux mots, de la peinture à la littérature pour le personnage central dans une très subtile continuité, de la toile à la page.

Ce roman fut une très belle plongée au cœur d'un monde inexploré pour moi entre étudiants-artistes  engagés et/ou maudits (les peintres), traditions d'une école dont j'ignorais les codes et réflexion sur les artistes et leur condition.

 

27 juillet 2020

Le petit guide de la masturbation féminine

Que je vous raconte un peu comment je me suis retrouvée avec ce joli livre entre les mains.
Fin juin, je reçois une proposition de Masse Critique, le choix est vaste. Je coche dans un premier temps, "Corentine" de Roselyne Bachelot et un autre roman pas bien gai sur les camps de concentration. Des envies d'Histoire sans doute...Un peu intriguée par son titre,  je tente aussi "le petit guide de la masturbation féminine " sous titré "déclarons ouverte la révolution du clitoris". "Révolution" ? Ça doit être historique :)
Au moment où je fais ce choix, je souris intérieurement entre culpabilité et curiosité.  Si tu le reçois ma vieille, va falloir assumer la critique publique sur Babelio et sur le blog. En réalité, point de gêne, pas de tabou., Rien de scabreux ni de pornographique. Le livre est un très bel hommage fort bien documenté à un organe si longtemps oublié et méprisé.  On y trouve de l'Histoire (sauf que celle-ci est un peu plus récente que Corentine ou la 2nde Guerre Mondiale).  Le saviez-vous, ce n'est qu'en 1998 qu'est déclaré la connaissance de son anatomie exacte, de l'anatomie, de la science, des témoignages, des conseils !
Le tout sous forme d'un petit livre écrin, bleu nuit, cartonné, aux bordures de pages roses. On referme le livre le cœur léger, heureuse d'avoir lu un livre sur un organe 100 % dédié plaisir...

Mille merci à Babelio, masse critique et les éditions  Better Call Julia

22 juillet 2020

Les petites reines

Dernière visite Montpelliéraine chez Gibert, derniers achats avant l'été...
Alors que je cherchais d'occasion un autre livre de Clémentine Beauvais (Brexit Romance), je tombe nez à nez avec ce roman, "Les petites reines". 
La 4e de couverture est dithyrambique!  "Un chef d’œuvre d'humour acidulé" dit Télérama. "Le genre de livre qui vous fait pousser des ailes" et de nombreux prix. Ni une, ni deux, il est acheté!
Les petites reines, c'est l'histoire de 3 "boudins". C'est pas moi qui le dis, ce sont elles! Elles ont été élues "Boudins de l'année" lors d'un concours interne du collège organisé par une petite ordure.  Elles ont des grosses fesses, de la cellulite, mais sont armées comme jamais d'humour et de force mentale! 
Faisant fi des moqueries, nos Boudins d'or, d'argent de de bronze décident de partir en road trip estival de Bourg en Bresse à Paris...à bicyclette ! Pour financer le voyage : ventes de boudins (y compris boudins veggie pour les âmes sensibles à la cause animale). Pour les chaperonner, Idriss, le grand frère de l'une d'elle, militaire beau comme un soleil, accessoirement amputé de ses jambes sur son fauteuil roulant Hi-Tech. Très rapidement, les médias locaux puis nationaux, et les réseaux sociaux s'emparent du scoop. 3 boudins sur des vélos colorés qui distribuent de la cochonnaille,  ça fait de l'audience! 
Tout n'est qu'humour dans ce roman, pas de politiquement correct, pas de démagogie exacerbée, ni de bons sentiments à la pelle. Les gens sont méprisants, racistes... les tweets sont souvent acerbes et lâches. En face d'eux, nos 3 nanas qui n'ont pas froid aux yeux, ni aux mollets. Elles atteindront la capitale, crevées mais armées contre la bêtise humaine!
Une lecture très sympa pour l'été...

17 juillet 2020

Les recettes de la vie

Comme diraient certains à la vue de la photo, j'ai pris mon pied à la lecture de ce livre de Jacky Durand.
Tout dans ce petit roman m'a régalée au sens propre comme au figuré. Oh comme on les imagine ces 3 compères Lucien, Henri et le petit Julien dans la cuisine. Chaque page est un délice, on y respire la morille, la truffe et le vol au vent. Entre les lignes, on aperçoit les desserts traditionnels et les viandes qu'on oublie sur le coin de la cuisinière du Relais fleuri, leur petit bistrot traditionnel.
Et entre les recettes, une fort jolie histoire d'héritage, de transmission de passions et de savoir.
Savoureux à tous les égards !

12 juillet 2020

Le syndrome de Garcin

De ces livres dont on sort troublée et tremblante par le style et le propos. De ces romans qui vous font hésiter pour votre prochaine lecture tant tout semble fade à côté. Le talent de Jérôme Garcin pour nous parler des ses deux grand-pères est saisissant. Chaque mot, chaque virgule semblent choisis avec grâce pour nous dépeindre ces deux éminents, et pourtant si humains, médecins. Papy et Pam, Raymond Garcin et Clément Launay. L’un venu des îles pour devenir un brillant neurologue n’oubliera jamais l’exil et sa terre. L’autre descendant d’une génération de médecins deviendra un grand et moderne pédopsychiatre. Le premier donnera son nom à une atteinte des nerfs crâniens, le second consacrera sa vie à la pédiatrie et ses troubles. Et, pour nous dépeindre avec infiniment d’amour ces deux hommes dont l’unique ambition est le soin à l’autre, leur petit fils, Jérôme. Ce Garcin, qui berce mes dimanche soir depuis l’enfance. « Si soigner c’est sauver des vies, écrire c’est les prolonger » écrit-il dans les dernières pages... Oh oui, comme on aime à les prolonger ces vies là, ces hommes là, qui nous rappellent que le patient est un homme avant d’être un cas clinique ! Ce livre devrait être mis au programme de la première année de médecine, pour rappeler à chacun que le soin c’est aussi savoir prendre la main de son patient avant de prescrire un traitement, aussi efficace qu’il soit...
Ps: Merci AD et CC pour ce superbe conseil.

2 juillet 2020

Avant que j'oublie

Le prix du livre Inter mérite vraiment qu'on parle de lui. Parce qu'il est question d'absence et par n'importe laquelle. Celle du père, un père malade, alcoolique. Avec une finesse incroyable, une infinie tendresse et beaucoup d'humour, l'auteur parvient à nous  faire aimer un homme en apparence bien rustre. Un peu déglingo nous dit-elle, décalé aussi, violent avec sa mère  lors des épisodes alcoolisés. Et pourtant, on s'attache, on l'imagine ascitique et épuisé sur son lit d’hôpital mais aussi pensif et poète dans sa caverne d'Ali Baba qu'elle doit vider après les obsèques.  Que d'amour, que de vide aussi, laissé par cet unijambiste dans le cœur de sa fille.  Chaque geste est enveloppé de tant de patience aussi lors de ses derniers instants. Les objets si ordinaires, livres, figurines, outils sont minutieusement décrits par l'auteur, sans imaginer pouvoir s'en débarrasser. Ils le racontent, lui, ce "contemplatif fin mais gauche, gentil mais brutal, généreux mais autocentré, dévoré par l'anxiété et la timidité, incroyablement empêché".
Quant à l'ironie, elle est partout, comme un pansement à la tristesse! "Je vais plutôt me mettre dans mon Everstyl et puis on l’inclinera. Ok si tu veux. J’ai tout plié en quatrième vitesse pour l’installer (...) actionné la télécommande du fauteuil tout confort à housse lavable qu’on vend une fortune à des gens qui vont mourir dans six mois. Des fauteuils à la con : sur Le Bon Coin, on en trouve des centaines, pris en photo dans des intérieurs marron sous tous les angles et dans toutes les positions. Particulier vend arrogante merveille de sophistication mécanique pour corps délabré stade final. Très peu servi. Prix à débattre."

Un très grand et beau livre! Merci Anne Pauly.

7 juin 2020

Les livres de mes vacances !


Pendant cette semaine, au bord de la mer, entre vélo et ballades en famille, j’ai pu bouquiner un peu. Au programme, du léger, très léger voire de l'aérien... qui m’a, il faut l'avouer fait du bien. Pour la grande littérature, on repassera !
  • Ciao Bella. Un peu facile, un peu cousu de fil blanc voire improbable à certains égards (qui devient copine avec sa psy ?) mais malgré tout une jolie plongée dans l’Italie, bercée par la Nonna et ses douceurs napolitaines ...
  • Il est grand temps de rallumer les étoiles. Faut avouer que Virginie Grimaldi est plutôt bonne pour les "feelgood books". Elle a un vrai talent pour vous embarquer dans son monde de bon sentiments, d’aurores boréales et autres joliesses, le tout non dénué d’humour...À lire dans un hamac, les pieds en éventail pour une bouffée de bons sentiments.
  • Une évidence d’Agnès Martin-Lugand. Cucul la praline à souhait. 400 pages qui auraient pu être résumées en 200. Ça se lit sans réfléchir, entre un tour à vélo et une ballade sur la plage...Tout y est prévisible, sucrée, optimiste. Le point positif, c’est que depuis ce livre, j’ai des envies de Bretagne et de découvrir les remparts de Saint-Malo.



27 mai 2020

Les papas du dimanche

Un livre qui fait du bien.
120 pages de tendresse et de douceur pour raconter les dimanches de ce papa fraîchement séparé !
Beaucoup d’humour aussi pour nous décrire l’ambivalence des sentiments : entre l’envie d’être la figure d'autorité et la peur de ne pas être aimé quand on ne voit les siens que 4 jours par mois. Comment concilier amour et absence, comment accepter qu'un autre homme passe davantage de temps avec la chair de votre chair que vous même ? Et comment réussir à  (re)trouver un équilibre.

6 mai 2020

La grande escapade

Blondel et moi c'est une longue et belle histoire. Il y a 10 ans, je lis Le baby-sitter, et je tombe sous le charme de ce style, simple et efficace! J'enchaine avec G221, (un de mes préférés), puis 6H41, et à chaque sortie un nouveau plaisir, comme des retrouvailles avec un ami cher.  Parfois émue (Et rester vivant), parfois bousculée (inoubliable Un hiver à Paris), quelque fois troublée (La mise à nue).

D’ordinaire, un Blondel, c'est aussitôt acheté, aussitôt dévoré ! Or, étrangement, La grande escapade, est dans ma pile à lire depuis quelques mois, il m'attend. Il attend le weekend parfait. Ce fut celui du 1er mai ! 

Ce dernier roman de Blondel sort des sentiers battus. D'abord par son propos, son cadre et son époque. Nous voila plongés au cœur des années 70 dans une école de province. On y rencontre des institutrices un peu old school (qu'on imagine volontiers avec des robes fleuries et des gilets sur les épaules) et des maitres qui aiment que les choses marchent à la baguette. Tous vivent en vase clos, autour de l’école, occupants les logements de fonction. Sur le terrain vague au bord de la voie ferrée, lieu de prédilection de la bande de gamins, chacun son rôle, chacun sa place. Le chef, son second, le bricoleur, le sensible... On grandit avec l'entrée au collège, on découvre la liberté avec un enseignant aux méthodes innovantes, on se forge une personnalité. Quant aux adultes, enseignants et conjoints, tout ce petit monde s'inspecte, se jalouse, se charme aussi.
Au total, c’est une bien jolie fenêtre sur une époque que nous offre Blondel: celle des premières classes mixtes avec toutes les réticences qui vont avec, l'époque d'une douce (et lente!) libération de la femme, de la fin du patriarcat. Et comme toujours beaucoup de tendresse et une analyse fine de la société et des rapports humains.
A lire, évidemment.



30 avril 2020

La place

Hier soir, le moral n'est pas à la fête...Il est long ce confinement, les journées professionnelles se suivent, je manque d'air, d’énergie et d’envies.
Il me faut un petit livre mais quelque chose d’intense, de puissant. Il trône en bonne place (ok, facile) dans ma bibliothèque depuis presque 10 ans avec sa petite étiquette  « occasion ».  Le sujet, je le sais, est intense : le rapport au père et aux origines et la déchirure avec sa propre condition. Peut-on s’autoriser une ascension sociale, quitter son milieu, ses codes sans les oublier ou les nier pour autant ?
L’écriture est belle, très épurée, presque télégraphique par moments, avec des expressions en italique, mots de ce père désormais absent mais qui revit entre des lignes. La honte aussi, et l’incompréhension d’une famille dont la vie, parfois nous éloigne. 
Indéniablement un bon choix pour ce 43e jour de confinement...

26 avril 2020

Violence : la Trilogie bordelaise (I)

Merci à Babelio et masse critique de m’avoir fait découvrir cet auteur (Philippe Charrac) et ce roman noir, très noir! L’action se déroule à Bordeaux ville que je connais particulièrement bien puisque j’y ai grandi (et même un peu plus). On y rencontre Lazare Servent, un flic secret et sombre comme je les aime. Le passé le rattrape bientôt puisqu’il doit enquêter sur la mort (horrible) d’une riche châtelaine bordelaise et de son personnel. Un roman sombre comme son flic, (attachant à plein d’égards) et plutôt bien écrit.
Et finir au commissariat de la rue Castéja, c’est un peu comme repasser dans cette rue de mon enfance (dans laquelle, on me répétait de vérifier ma ceinture de sécurité, à cause de ce pauvre planton dans sa petite cahute ...)

21 avril 2020

Mémé dans les orties

Du même auteur j'avais lu "en voiture Simone", gentillet mais totalement oubliable et au petit bonheur la chance, qui m'avait touchée par son propos. 
Là en revanche, je ne garde rien. Le roman tarte à la crème, ça va 5 minutes mais en période de confinement, c'est très  lourd à digérer.
Tout est cousu de fil blanc, on dirait un livre de le bibliothèque Rose entre Oui-Oui et le Club des cinq, et encore, dans le second, il y a plus de suspens.
Ferdinand 82 ans est un veuf acariâtre, il déteste tout le monde dans son immeuble et s'amuse à être pénible. L'immeuble le déteste...et veut sa peau. Ça commence pas mal, un peu de sarcasme semble pointer son nez. Arrive (page 25), la disparition de sa chienne Daisy!  Fin du sarcasme, s'en suivent une succession de clichés, et de petits miracles quotidiens tous plus couillons les uns que les autres. Oh miracle Ferdinand se rend compte qu’être seul, c'est  bien triste, que les gens autour de lui sont drôlement attachants et que la mémé d'à côté est sacrément coquette. En plus elle joue au bridge et la petite voisine lui porte des pâtes de fruits...Ça y est, l'indigestion est là, pour moi surtout! 
Quant à la fin, on frôle le Walt-Disney, la musique en moins. 
Passez votre tour!!

20 avril 2020

Unorthodox

Pour ceux qui me connaissent un peu, moi et les séries actuelles,  on n'est pas très copines... Les séries récentes que j'ai aimées se comptent sur les doigts d'une main (Tchernobyl, Big little lies, Sex Education).
Fut un temps, j'ai été fan de Friends, Urgence, Grey's Anatomy et Sex and the City mais cette époque est bien loin.  Actuellement,  j'ai du mal à rester captivée, à m'attacher aux personnages. Je suis bien incapable de m'enfiler plusieurs épisodes d'affilée, à la fois par manque d’intérêt et d'envie. 
Jusqu'à ....UNORTHODOX, une mini série Netflix. 4 épisodes de 50 minutes absolument époustouflants de justesse et d’émotion.  Tout y est, une histoire bouleversante, des personnages magistralement incarnés et une réalisation hors pair. L'histoire est inspirée (partiellement du moins) d'une histoire vraie. C'est celle d'Esther Shapiro, alias Esty, jeune femme juive de Williamsburg, à peine sortie de l'adolescence qui se retrouve mariée à Yanki, un tout jeune homme de sa communauté qu'elle ne connait pas. Esty rêve d’ailleurs, de liberté, d'une ouverture au monde que la communauté juive orthodoxe rigoriste ne lui permet pas. Elle s'enfuit donc de New-York aidée de sa professeur de piano et se retrouve seule dans un Berlin moderne et hétéroclite.  Elle y rencontrera un groupe de jeunes musiciens du conservatoire classique, aussi hétéroclites que la ville qui les accueille. Au travers des flashbacks, on comprend l'histoire de sa communauté, la rigueur de ses membres et le lien difficile à rompre. On y découvre aussi la place de la femme, de ses désirs (inexistants) et sa sexualité (subie).  Cette série est d'une précision incroyable, reconstitution, costumes, langues (la communauté parle Yiddish) (ne pas louper le 5e épisode, le making of) et les acteurs sont extraordinaires de vérité. 
Et moi, pendant 4 heures, au fond de mon lit, j'ai frémi, vibré, été émue aux larmes à maintes reprise devant ce bout de femme aux yeux perçants qui ne désire qu'une chose : vivre ! 
Un petit bijou à ne pas louper.

8 avril 2020

Au petit bonheur la chance

Une fois de plus, en cette période de confinement (pourtant propice aux activités solitaires), je ne suis pas très encline à la lecture. Ma concentration fait des vagues, le téléphone et les réseaux sociaux me happent vite. 
Pourtant, il a suffit des premiers chapitres pour tomber sous  le charme du petit Jean et de sa mémé Lucette. Elle est raide la Lucette pourtant, et ne semble pas particulièrement disposée aux  effusions.  Nous sommes à la fin des années 60, Jean est du jour au lendemain laissé aux bons soins de sa grand-mère, abandonné par sa mère Marie partie tenter sa chance à Paris et se libérer des pattes d'un compagnon violent. Jean grandit dans ce petit village sous l’œil de Lucette, Lucien le facteur,  sa tante Françoise, son amie Anita. Entre les lignes, on sent la colle Cléopâtre, les taches d'encre, les pommiers et le foie de veau de Mémé. On sourit de la candeur de ce bonhomme, de ses "mi-chats mi poneys" ou de "la pelle du général de Gaulle"...
Alors, oui, c'est un peu suave, doux comme un bonbon et plein de bons sentiments mais pas que. C'est aussi une jolie histoire de résilience et de pardon et un vrai questionnement sur le lien et la parentalité. Qui sont nos parents ? Ceux qui nous mettent au monde  ou ceux qui nous aident à grandir, en nous aimant et en nous donnant la force  et les valeurs pour affronter le monde...
Cent fois mieux que "En voiture Simone" du même auteur que j'avais trouvé assez banal et creux. 
Merci à SB pour ce cadeau, à mettre dans la pile des petits livres qui font du bien au cœur !

25 mars 2020

Le consentement

Je ne sais pas vous, mais en cette période anxiogène, morose, rythmée par le nombre de morts et le décompte des lits de réanimation, je ne parviens à lire. Impossible de me concentrer, impossible de focaliser mon attention sur les mots à l’exception des 140 qui composent un post sur Twitter. 

Et puis, après une discussion avec un pharmacien sentimental (il se reconnaitra) je me plonge sur ses conseils dans le Consentement de Vanessa Springora.
Il suffit des quelques premiers chapitres pour poser le décor : l'absence du père et la rencontre avec le charismatique et diabolique Gabriel Matzneff.  Il est célèbre et ne cache pas ses frasques pédophiles dans ses écrits....et pourtant la complaisance règne. On s'amuse presque de ses orientations sexuelles dans le grand monde ! Comment s’arrêter alors de lire ce témoignage ou l'histoire de cette relation toxique et destructrice avec un homme de 37 ans son ainé, amateur de chair fraiche, et manipulateur hors pair ? L'écriture est simple, belle, précise. Les faits sont là oui, mais c'est surtout la reconstruction de la femme qu'on entrevoit entre les lignes.
Restent néanmoins tant de questions à l'issue de cette lecture.  Comment cette situation a été acceptée par tous,  sa mère (probablement le personnage le plus énigmatique pour moi) mais aussi le beau monde, philosophes, penseurs, et autres figures littéraires d'une époque pourtant pas si lointaine... 
A méditer .



9 mars 2020

Surface

Un polar français super bien ficelé, avec des personnages très attachants. Page 3, Noémie, flic au célèbre 36, est défigurée par une balle lors d'une perquisition. Page 12, la voila placardisée dans un commissariat au fin fond de l’Aveyron entre Fouace aveyronnaise et secrets de famille. Le livre commence sur les chapeaux de roue et finit en beauté! Un régal d'intrigue et d'humour.
Je cours m'acheter un autre Oliver Norek.

8 mars 2020

Films des derniers mois

Les films des derniers mois 
Deux moi ⭐️⭐️⭐️
La vie scolaire ⭐️⭐️
Les misérables ⭐️⭐️
La reine des neiges ⭐️
la Belle Époque ⭐️⭐️
Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part ⭐️
Hors normes ⭐️⭐️⭐️⭐️
J’accuse ⭐️⭐️⭐️
Des hommes ⭐️⭐️
Le meilleur reste à venir ⭐️
Au nom de la terre ⭐️⭐️
La fille au bracelet ⭐️⭐️⭐️

28 janvier 2020

Les magnolias

Ou l'art de parler de sujets douloureux avec un humour décapant !
C'est après avoir entendu un Gérard Collard dithyrambique sur France 5, que j'ai craqué (alors que ma PAL s'allonge de jour en jour).
Alain est un acteur raté, un gars sympathique mais sans grands projets...Sa carrière se limite à des rôles de figurants dans des téléfilms médiocres. Pourtant Alain nous charme. Quand il donne des noms aux poneys, quand il rend visite à Rosie dans sa caravane, ou encore par la douceur qu'il dégage lorsqu'il évoque sa grand mère qui s'éteint doucement aux Magnolias. 
Dieu sait que l'ambiance aux Magnolias, cette maison de retraite dirigée par l'austère Évelyne est pesante. On imagine les odeurs de soupe, le cake trop sec, la télé allumée, les transferts fauteuil-lit, lit-fauteuil. Tout pourrait être triste, cette solitude, la vieillesse, l'oubli et pourtant on rit, on rit vraiment. Dès qu'Alain y retrouve sa grand mère, on y sent la tendresse et l'affection. On sourit à imaginer cet anti héros aux petits soins pour cette mamie au passé sulfureux.
Quant à la seconde partie du roman, une épopée en Fuego, je préfère ne pas la dévoiler...juste vous conseiller de prendre une place comme passager et de vous laisser embarquer.
Merci Monsieur Oiseau!

20 janvier 2020

Défaillance de BA Paris

Il y a un an jour pour jour, je me laissais happer par le thriller "Derrière les portes" du même auteur. C’était une lecture facile, sans prise de tête. Je me souviens d’avoir frémis dans un vieux wagon de train pour cette pauvre fille, séquestrée par son mari...
Me voila de nouveau plongée dans le deuxième livre de l'auteur : Défaillances. Et la, désolée mais c'est quand même sacrement tartignole voire laborieux! Car, en plus d’être particulièrement mal écrit (ou traduit ?), l'histoire est grotesque.
Cassandra, Matthew vivent heureux dans leur jolie maison... leur bonheur semble sans nuages. Un soir d'orage (tiens voila les nuages), Cass contre l'avis de son mari -faut toujours écouter son mari, ça nous aurait évité 400 pages- emprunte une route de foret sombre et dangereuse ! Tellement dangereuse, qu'elle apprend le lendemain que la jeune femme (Jane) qu'elle y a croisé est retrouvée assassinée (au couteau de cuisine à dents (couteau à pain?). Évidemment, Jane avait des jumelles adorables (ben oui, évidemment, manquerait plus qu'elles soient moches) et était mariée à Alex, qui se retrouve veuf éploré...Commence alors pour Cass une infernale descente aux enfers entre appels anonymes et perte de mémoire (arrête les benzo ma chérie). Heureusement sa copine Rachel est la pour l’écouter! Quant à John l’amoureux transi, il attend son tour.
Mon Dieu que ce livre est risible quand on y pense. Que cette fille est naïve...Sur M6, en téléfilm, ça doit pouvoir passer mais 400 pages pour cela, non ! 

9 janvier 2020

les films de cette fin d'année

Même si je ne prends plus le temps de rédiger une critique pour chaque film vu, je trouve malgré  tout l'occasion d'aller au cinoch.
Parmi les derniers sorties Ciné...et mon avis en étoiles.
- La Reine de Neiges 2 **
- Les Misérables ***
- La Belle Époque ***
- Le meilleur reste à venir **

8 janvier 2020

Un dimanche à ville d'Avray

Recommandé dans Elle par Olivia De Lamberterie, me voila embarquée le temps d'une après-midi de vacances, dans les 125 pages de ce court roman, plein d'angles morts et de silences.
Un livre troublant sur la mémoire, la sororité, la confidence et le regret.


Trois saisons d'orage

Un grand merci à Hélène R pour cette bien belle lecture rocailleuse !
Un livre lu lentement, comme pour mieux sentir l’âpreté du récit, en s’imprégnant de la poussière qui gravite autour de cette famille de médecins installée dans les pierre blanches d'une forteresse de falaises.  C'est l’histoire d’André,  médecin dévoué, de son fils Benedict (et sa femme Agnès) et de sa petite-fille, Bérangère. Une famille de médecins qui croise celle du jeune Valère, fils de paysan. Au fil des pages, on suit le destin de cette famille en terre hostile.  Les années passent (en quelle année est-on d'ailleurs ?), les orages grondent, la tension monte et le lecteur sent peu à peu que le drame est proche. 
Chapeau à la jeune auteur Cécile COULON, qui arrive en 300 pages à nous dépeindre les destins de ces hommes au cœur d'une nature majestueuse et dominatrice.. 

Sale gosse



L’histoire attachante d’un môme à la dérive, Wilfried et d’une éducatrice de la PJJ, servie par un langue brute et âpre. On sent le désir de l'auteur, un jeune journaliste, Mathieu PALAIN de nous raconter sans fioriture la vie des gamins nés du mauvais coté du périph'. Un roman, difficile à lâcher, terriblement humain.

Pilules Roses, De l’ignorance en médecine » (Stock, 2023) de Juliette Ferry-Danini

Le SPASFON (phloroglucinol), vous connaissez bien sûr ! Qui n’a pas reçu, au cours de sa vie ce comprimé rose fuchsia, dragéifié façon bonbo...