8 février 2021

Mon garcon

Prenez un père absent et un adolescent de 16 ans, un chagrin d'amour pour le môme qui ravive les souvenirs du papa, des deuils incomplètement faits, des ruptures non digérées, des souffrances inavouées.  Mettez-les dans une voiture, fermez les portières, appuyez sur la pédale : la  thérapie peut commencer.

A plusieurs égards, ce livre m'a fait penser au film de Chabat "Papa", que j'avais infiniment aimé il y a une quinzaine d'années.

Par son propos tout d'abord. Un road trip thérapeutique entre un père et son gamin. On connait tous cela (à moindre échelle sans doute) : la discussion de voiture. Bizarrement, coincés dans la carcasse de la bagnole, enfermés dans l'habitacle, les yeux sur la route et non yeux dans les yeux, la parole se libère. On prend la route comme on entame un travail de catharsis, une libération de l’âme. Et on avance, sans véritablement savoir comment on arrivera, mais avec l'intime conviction que les choses pourront bouger après.

Et surtout par sa sensibilité. Que d'émotions et de belles réflexions à la lecture de ces courts chapitres. Xavier de Moulins parvient à mettre des mots (fort bien choisis au demeurant) sur la culpabilité, le pardon, l'oubli, le souvenir. L'exercice est délicat mais le résultat à la hauteur!

Merci à Babelio, Flamarion et masse critique pour cette très belle lecture.


Le dernier enfant

Certains ici savent comme j'aime Philippe Besson. J'aime sa sensibilité,  ses histoires qui sonnent juste, qui font vibrer en chacun d'entre nous ce petit détail du réel et surtout sa facilité  déconcertante à dépeindre des sentiments complexes ! 

Dans "le dernier enfant", il est question d'une séparation. C'est le récit du grand départ, celui du petit dernier du foyer familial (pour s’installer à 40 km). Ce n'est pas bien loin me direz-vous? Certes, mais la distance, quels que soient les kilomètres, sonne la fin du foyer traditionnel, de l'équilibre du cocon. 

Le roman est difficile à lâcher tant l'émotion est omniprésente. Quel émouvant regard sur ce lien invisible, ce fil tendu entre ce petit dernier (fragile selon sa mère) et ses parents, une famille "France moyenne" provinciale. Quelle belle analyse des méandres de la filiation, de la complexité de ce fil tendu (noueux parfois) entre enfants et parents. Quand il faut couper ce lien, c'est une page qui se tourne et une vie à ré-imaginer .

J'ai d'ailleurs été troublée de l'écho qu'a trouvé en moi cet opus. Je ne suis pas mère, seulement fille et pourtant, c'est là le talent de Besson, tout raisonne! Je me souviens de mon départ de la maison, mon installation quelques rues à coté ! J'avais tout pour rester (disait-on) : le gite, le couvert, la faculté à proximité. Et, pourtant je rêvais (sans doute comme Théo) d'indépendance.

Besson, une fois n'est pas coutume réunit son talent pour dépeindre la solitude de cette mère, les dernières 24h avec son petit dernier, de la tartine grillée au déchargement de l'armoire en kit, jusqu'au hamburger insipide partagé dans un restaurant sans charme. Quant à la plume, on ne se lasse pas, subtile, rythmée, précise pour nous narrer admirablement bien les angoisses de solitude et de vide béant de cette mère, la vie à deux à (re)construire. La fin est à l'image du livre: forte et superbe!

Vivement le prochain.


Pilules Roses, De l’ignorance en médecine » (Stock, 2023) de Juliette Ferry-Danini

Le SPASFON (phloroglucinol), vous connaissez bien sûr ! Qui n’a pas reçu, au cours de sa vie ce comprimé rose fuchsia, dragéifié façon bonbo...