31 mars 2019

Les impatients

Reine a 32 ans, un parcours sans fautes, un CV à faire pâlir, un boulot à responsabilités, un mec trié sur le volet, fraîchement cueilli sur un banc d’HEC,  des talons hauts, des blouses en soie ...
Promise à une ascension fulgurante, Reine décide pourtant de tout plaquer. Pour un scientifique docteur es algues bretonnes. La voilà qui se lance dans l’algue et ses vertus bobo-bio-thérapeutiques ! 
Tout est magnifiquement orchestré dans ce roman : une écriture dingue de modernité, de cynisme, un récit troublant, vif, drôle à souhait. Ça va vite, c’est ingénieux, et nous lecteur admiratif on ne peut que se régaler à chaque page. A même pas 40 ans, on envie le talent d’écriture de Maria Pourchet, cette idée fascinante de placer le lecteur en observateur de ses personnages, d’ambitieux millenials. Vous êtes tour à tour, Etienne, Pierre, Reine...vous vous régalerez de leurs travers, leurs contradictions, leurs faiblesses, sous le regard drôle et féroce de la narratrice. On en voudrait 200 pages de plus. A plusieurs reprise, je secouais mon voisin de lecture pour lui lire tout haut des paragraphes mordants tant je voulais partager la puissance du récit. 
Quel roman! Sans doute une de mes plus intrigantes lectures ces derniers mois. 

Le livre des Baltimore

Une fois de plus je ressors d'un roman de Joël Dicker avec une impression mitigée et la certitude que je ne serai pas capable de vous parler de ce livre dans un an!  C'est comme la brasserie de la littérature : honnête, bon rapport qualité/prix mais oubliable et sans originalité. 
Ça se lit tout seul, pas besoin de mobiliser trop de neurones, on s'attache aux personnages et à leurs caractères bien trempés. On retrouve avec plaisir Marcus, l’écrivain dont nous avions fait la connaissance dans  La Vérité sur l'affaire Harry Quebert. Ajoutez à cela un soupçon de nostalgie très personnelle puisque Baltimore et l’hôpital Johns Hopkins rythmèrent mon quotidien pendant un an... Et pourtant, en refermant le livre, pas d'euphorie, pas de quoi crier au génie, ni au chef d’œuvre. Le simple sentiment d'avoir englouti une chronique familiale rondement mené, ou s’entrevoient rivalités fraternelles, jalousies et amours contrariées.


16 mars 2019

La mule

Clint Eastwood signe un film élégant, paisible et non dénué d'humour.
Il y incarne Earl, vieil homme aimable, entouré, passionné par les fleurs,  grand-père aimant.
Tout est plus compliqué avec sa femme et sa fille, qui le boudent depuis des années se sentant abandonnées au profit de sa passion horticole. À près de 90 ans, Earl qui se retrouve brutalement à sec, accepte (sans initialement réaliser) de transporter des cargaisons dont il ignore le contenu. Quand il découvre qu'il est un passeur, il poursuit malgré tous ses missions avec son charisme inégalable, ses airs de papy innocent, devenant une mule hors paire. Solitaire dans son pickup, bercé par une musique d'un autre temps, il traverse les Etats-Unis.  Même le (fort) charmant Bradley ­Cooper, l'inspecteur en charge de démanteler le réseau ne parvient pas à déjouer le stratagème. En filigrane, évidemment, des questions...Qu'y a-t-il au bout des kilomètres, de ces nuits de solitude dans des motels impersonnels, ces cafés dans des diners typiques pour notre Clint? La rédemption, la pardon et l'apaisement...
Un plaisir des yeux que ce road movie eastwoodien.

Entre mes doigts coule le sable

Mon premier livre de cette auteur, Sophie Tal Men, fut englouti en 48 heures. Commencé dans le train vers les vacances, il m'a rapidement emporté dans un hôpital breton, au cœur des services de neurochirurgie et de psychiatrie avec Marie-Lou et Matthieu. Ils sont internes, amoureux et exercent une médecine différente.  (NB : Leur externat a fait l'objet du 1er roman de l'auteur, que je n'ai pas lu, "Yeux couleur de pluie").
Marie-Lou est une interne généreuse, altruiste, dévouée à ses patients (sans doute un peu trop). Matthieu, l'interne solitaire vit sur une péniche avec pour compagnon un chien, et traine un passé familial obscur et complexe. Ils s'aiment, s'attirent mais rien n'est simple : peut on s'occuper de la mère de son amoureux, peut-on soigner ses amis ou voisins, ces personnages secondaires attachants.
J'ai aimé la réalisme médical du livre, le ton juste et crédible quand elle décrit les patients, les troubles neurologiques ou psychiatriques. On sent des expériences vécues : alcoolisme, tumeur cérébrale, épilepsie. Pas étonnant, Sophie Tal Men est médecin, neurologue de surcroit. 
Certains (moi la première) diront que c'est un roman facile, sans profondeur, un feelgood book, vite lu vite oublié. C'est indéniable, mais c'est plus agréable à lire que certains Martin Lugand  ou Leidig dont les histoires sont encore plus tartignolles.
Parfait pour quelques heures de vie du rail et une douce entrée dans des vacances !

4 mars 2019

En voiture Simone

Difficile d’être emballée par un livre si léger. Son tort (ou le mien), l'avoir lu après "Fugitive parce reine" qui m'a laissée sans voix, émue par le propos et le style. 
Là, il est question d'une famille, Martine, Jacques et leur 3 fils. Qui dit 3 fils dit 3 belle-filles, aussi différentes qu'insupportables. La végétarienne, la mère poule, la fumeuse. Elles ne sont ceci dit pas épargnées par leur beaux-parents, qui leur mènent la vie dure. C'est plein de bon sentiments, un poil caricatural, pas vraiment drôle et forcement un peu moraliste (aimons-nous, communiquons, tolérons-nous !). Un livre de plage ou de vacances vite lu, vite oublié.  

3 mars 2019

Une intime conviction

Février 2000, Suzanne Viguier disparait. Mort, fuite,  amnésie, crime...Pas de cadavre, pas de trace, pas de mobile non plus. Pourtant son mari Jacques Viguier, professeur de droit à l’université, est accusé du crime parfait, sans preuve.  Il est acquitté à l'issue d'un premier procès mais le parquet fait appel. 
Le film débute avant le procès en appel lorsque  Nora, mère célibataire, chef cuistot, intiment convaincue de l'innocence de Viguier fait appel à Maitre Dupont-Morreti pour défendre Viguier.
Le film est porté par  ses deux grands acteurs : Marina Fois et Olivier Gourmet.
Lui, incarne (et c'est peu de le dire) l'avocat dans toute sa splendeur, orateur hors pair et charismatique. Elle, passionnée se bat, lutte jour et nuit, travaillant sur les écoutes téléphoniques au point d'en oublier sa vie, son fils, son job et jusqu'à se perdre dans sa propre conviction. 
Ils habitent leurs personnages, les scènes de tribunal sont haletantes et parfaitement réalistes, loin des films américains. On y voit des jurés attentifs, des familles meurtries, des juges pas forcement impartiaux, des médias manipulateurs (manipulés?) et des flics sous la coupe de la pression médiatique.
Pendant près de deux heurses, on est totalement happé par ce thriller judiciaire.  Innocent ou coupable la question n'est pas la, la question est celle de la présomption d'innocence et du poids des soupcons et des rumeurs
Un vrai bon film!

Pilules Roses, De l’ignorance en médecine » (Stock, 2023) de Juliette Ferry-Danini

Le SPASFON (phloroglucinol), vous connaissez bien sûr ! Qui n’a pas reçu, au cours de sa vie ce comprimé rose fuchsia, dragéifié façon bonbo...