31 août 2020

Bexit romance

Laborieux serait l'adjectif qui convient le mieux à cette lecture d'une auteur pourtant reconnue : la jeune Clémentine Beauvais. D’ailleurs, son précédent livre "Les petites reines" m'avait plutôt séduite sous des airs de "livre pour adolescentes plus profond qu'il n'y parait"!

Revenons à Brexit Romance. Commencé au début du mois d'aout, j'ai eu le temps de finir 5 livres entre temps tellement celui-ci me tombait des mains toutes les 30 pages. C'était même devenu une running joke familiale à chaque nouveau livre acheté en mode "dis, t'as pas Brexit à terminer avant ? "

Le problème de ce pavé de 537 pages (je les ai comptées) c'est que c'est TRÈS long, pas particulièrement bien écrit et globalement pas drôle (en tous cas pour moi ...).

L'idée de départ est plutôt sympathique. Justine, une jeune londonienne monte une société de mariages arrangés entre britanniques et français pour contrecarrer le drame du Brexit. Autour d'elle gravitent un lord britannique extrémiste, Marguerite une jeune soprano de 17 ans, Pierre son coincé prof de chant. des pro Brexit, des activistes fervents opposants. On surfe sur les incompréhensions de langage, quiproquos et autre différences culturelles. Londres vs Paris, choc des cultures.

C'est sensé être remarquable. Et bien, personnellement, j'ai du passer à coté de ce bijou (Cf la critique du Monde : https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/09/15/clementine-beauvais-l-ecrivaine-qui-fait-du-brexit-une-comedie-romantique_5355647_4408996.html). 

Je n'ai vu ni comédie romantique moderne, ni satire drolatique franco-britannique,  encore moins un feelgood book pétillant. Rien de tout cela pour moi. Et, si à certains moments, j 'ai cru déceler une parodie des livres des sœurs Brontë (le lord, le château, les parties de croquet, les scènes d'amour cucul dans le jardin fleuri), on finit presque par s'interroger sur leur caractère intentionnel.

Bref, même en vacances, avec la bruit de la mer, et les embruns, j'ai souffert !

26 août 2020

Chavirer

Chloé 13 ans et des poussières est une collégienne de la banlieue parisienne, anonyme et transparente. Son rêve, devenir danseuse. 

Elle croise un jour dans sa MJC de quartier, la route de Cathy, prédatrice de chair fraiche en tailleur. Celle-ci lui fait miroiter une bourse et l'entrée dans Galatée, une fondation aux contours mal limités. Sous les ornements dorés et les salons de velours, se cache en fait un réseau de pédophiles en costard. À l'âge de tous les possibles, dans une réalité sans relief, le piège se referme pour Chloé qui en plus se se faire happer par le réseau, servira de recruteuse pour Cathy. S'en suivront des années de culpabilité, de secret puis de reconstruction.

Le livre, en plus de nous narrer la capture de la jeune proie nous propose de très beaux portraits de femmes (Chloé, Betty, Claude et tant d'autres) sur plusieurs décennies, entre Mylène Farmer, Goldman, les années Drucker et la génération #metoo.  Des décennies, pour mieux nous montrer la souffrance qui s'infiltre et se faufile années après années, ces vies rayées,  ces rapports aux corps compliqués et ces silences qui en disent long.

L'écriture de Lola Lafon est à l'image du roman, précise et incisive. Chaque mot semble trouver sa place pour nous offrir une très belle réflexion sur la culpabilité mais aussi l'oubli et le pardon. 

Un très beau roman de cette rentrée littéraire 2020. 

20 août 2020

Comme à la guerre

Librairie des vacances, août 2020, Arcachon. Prise d'une gigantesque flemme à l'idée de mettre le masque pour rentrer dans la boutique, je jette un regard distrait aux romans de poches en présentation dans le bac devant la librairie. Tiens, un livre de Julien Blanc-Gras, auteur que j'aime beaucoup*.

Le titre "Comme à la guerre" m'interpelle,  tout comme l'image troublante d'un soldat de plomb côtoyant un biberon. Le filet sur la couverture précise "un livre d'une rare sensibilité".

Je retourne le poche, découvre le résumé éditeur...."Le jour de la naissance de mon fils, j'ai décidé d'aller bien, pour lui, pour nous, pour ne pas encombrer le monde avec un pessimisme de plus. Quelques mois plus tard, des attentats ont endeuillé notre pays. J'en étais à la moitié de ma vie, je venais d'en créer une et la mort rôdait. L'Enfant articulait ses premières syllabes avec le mot guerre en fond sonore. Je n'allais pas laisser l'air du temps polluer mon bonheur. » 

J'entrevois une histoire qui pourrait m'émouvoir...

Ce que je n'ai pas imaginé, c'est à quel point ce livre en plus de me toucher en plein cœur, allait me faire rire. Demandez à l'Homme qui partage le canapé en face de moi pendant mes instants lectures, le nombre de fois où je me poilais, lui lisais des passages particulièrement savoureux, commentant tour à tour par des "il faut que tu le lises", "écoute un peu ça", "c'est formidable ce bouquin", "tu vas adorer"...!

Julien Blanc-Gras nous offre dans ce tout petit roman une magistrale démonstration de poésie, de tendresse teintée d'ironie et d'humour noir.

À lire de toute urgence !

*lisez Touriste, du même auteur, c'est formidable aussi.

18 août 2020

La daronne

La petite pépite de mon été ! 

Critique en cours ...

Deux soeurs

Après avoir refermé la dernière page de ce roman de Foenkinos, englouti goulûment en une journée, je m'interroge. Ai-je aimé ? Réellement apprécié ? Pas si sûre après digestion...

Certes, j'ai dévoré le livre en quelques heures, comme embarquée sur une pente glissante. Assurément, le propos est intéressant...On y évoque le désarroi et l'abime causée par une rupture amoureuse, la rancœur laissée par une trahison et l’ambiguïté des rapports de sororité. Pourtant, la manière de faire me laisse plus dubitative. C'est un peu convenu, facile. Comme à son habitude, l'auteur nous entraine avec ses procédés stylistiques sympathiques (les fameuses notes de bas de page) pour nous laisser comme deux ronds de flancs à la 200e page, avec une fin à la limite du ridicule.

Amis lecteurs, fan ou non de Foenkinos, je voudrais bien vos avis !

Térébenthine

Merci Babelio, Masse Critique et les éditions nrf pour ce beau moment de lecture. 

Il y a 3 ans environ, je découvre Carole Fives grâce à Masse Critique avec "Tenir jusqu’à l’aube". D’emblée, j’aime son style, sa façon de nous entraîner sans nous épargner, de nous faire passer par toutes les émotions ! J’enchaîne avec le génial "Quand nous serons heureux", un recueil de nouvelles aussi acides qu’émouvantes puis le troublant « une femme au téléphone ». 

À l'annonce de ma sélection pour recevoir son nouveau roman, j'attends fébrile, guettant la boite aux lettres chaque soir. Il arrive un samedi matin et je plonge alors dans Térébenthine, sans trop savoir à quoi m’attendre. La quatrième de couverture évoque un trio d’amis, artistes peintres à l'école Nationale des Beaux Arts, à une époque où la peinture ne fait plus recette... Ce monde m’est étranger ; je ne suis pas une artiste. Je n’ai aucun talent mais j’y suis sensible toutefois. La peinture et la musique m’émeuvent parfois, la littérature souvent ! Vais-je adhérer ? La réponse est oui ! 

Le titre « Térébenthine » est à l'image du roman, odorant et évocateur. Dès les premiers pages, nous voila plongés avec Luc, Lucie et un personnage féminin, narratrice jamais nommée (entres les lignes Carole Fives, je pense) dans les sous-sols des Beaux Arts, au milieux des effluves de white-spirit. On y peint, on y refait le monde, on lutte pour un peu de reconnaissance. Aux étages, on y enseigne. Les œuvres et leurs maitres. Car, derrière les œuvres, c'est un hommage aux artistes que propose l'auteur en particulier aux artistes Femmes de toutes les époques souvent non reconnues à leur juste valeur. 

Et surtout il est question du passage de l'image aux mots, de la peinture à la littérature pour le personnage central dans une très subtile continuité, de la toile à la page.

Ce roman fut une très belle plongée au cœur d'un monde inexploré pour moi entre étudiants-artistes  engagés et/ou maudits (les peintres), traditions d'une école dont j'ignorais les codes et réflexion sur les artistes et leur condition.

 

Pilules Roses, De l’ignorance en médecine » (Stock, 2023) de Juliette Ferry-Danini

Le SPASFON (phloroglucinol), vous connaissez bien sûr ! Qui n’a pas reçu, au cours de sa vie ce comprimé rose fuchsia, dragéifié façon bonbo...