20 décembre 2021

S'adapter

Si l'on parlait d'un de ces livres qui vous attrapent aux tripes, vous accrochent le cœur et vous laissent en suspend avec cette impression de n'être plus tout à fait la/le même après leur lecture. Ce fut le cas avec "s'adapter" de Clara Dupont Monod.

Dans ce livre (autobiographique sans nul doute), l'auteur avec une plume d'une délicatesse incroyable, quasi poétique (quelle délicieuse idée de faire parler les pierres du mur ...) nous conte l'histoire d'une fratrie. 

Un ainé, une cadette et un petit dernier autour d'un frère handicapé. Un ainé qui renonce à la légèreté de l'enfance, une cadette en proie à la colère, en lutte avec cette "injustice" de la vie, et un dernier, dans les traces d'un  petit frère parti trop tôt mais immensément présent... Chacun s'adapte, fait comme il peut, avec ses angoisses, sa tendresse, ses émotions.

Point de morale, pas de conduite à tenir, de bonne attitude … juste des vies qui s’articulent autour de cet enfant différent. 

Chaque page ouvre un nouvel horizon vers la capacité de l’être humain à "faire avec", se construire malgré les difficultés, rester enfant aussi lorsque la vie vous confronte à des responsabilités d'adulte.

A lire, à offrir, à méditer. Ne passez pas à coté : c'est un bijou.

 

13 octobre 2021

Frangines

Ma rencontre avec Adeline Bréau est récente avec un énorme coup de cœur pour son roman, l’odeur de la colle en pot qui m’a fait remonter le temps avec un plaisir non dissimulé...

Dans ma lancée, j'ai dévoré "frangines", l’histoire de 3 sœurs en vacances dans la propriété familiale, aussi différentes qu’attachantes, qui a su convoquer sur le banc des souvenirs tant de références  personnelles.

Le lieu d’abord : une bâtisse qu’on imagine volontiers, ouverte sur le jardin, où les gens passent, où l’on se ballade pieds-nus sur le carrelage, où l’on mange sur la terrasse à des heures tardives, où l’on prépare la plancha en buvant l’apéro. Bref, la maison de famille par excellence.

Les présentations ensuite. Mathilde, élégante, bourgeoise, un poil dirigiste, ancienne danseuse classique qui débarque de Paris avec ses deux mômes. Puis  Violette, la belle plante rousse, un peu bobo, qui s’est enfin épanouie après avoir grandi dans l'ombre de sa sœur. Enfin, Louise la cadette, infirmière libérale, restée vivre dans le coin, plus secrète, très proche de sa mère et attentive aux autres en général. Et leur mère, Jeanne, maman et mamie louve. Il y a aussi les maris, les compagnons, les ex un peu toujours dans les parages, les enfants….

Depuis l’enfance, elles vivent leurs plus belles heures dans cette maison. Sauf que cette année, les choses sont un peu bouleversés par l’absence de leur père, parti faire un bout de chemin avec la pharmacienne du village !

Comme dans toutes les familles, il y a la tendresse, les câlins, les souvenirs d’enfance et d’adolescence, avec tout ce qu’on y met de douceur, de rancœur ou de non-dit aussi. Le roman décrit fort bien la complexité de la sororité, les ambivalences des sentiments et les rôles de chacune au sein de la famille. Il montre aussi à quel point, les choses qui semblent figées, peuvent parfois évoluer au gré des aléas de la vie.

Un bon moment de lecture.

16 septembre 2021

L'odeur de la colle en pot

Est-ce parce je suis née en 1982 ? Parce qu'en 1994, je sentais poindre la complexité de l'adolescence ? Est ce parce que comme Caroline, l’héroïne, j'ai eu un sac Hervé Chapelier (pour aller à la danse) et rêvé d’être invitée à une boum  ?  Parce que je regardais assidument "la petite maison dans la prairie" et une famille en or (moins assidument heureusement) que ce livre m'a emportée ? Sans nul doute. 

En 300 pages dévorées, j'ai eu l'impression de retourner sur les bancs du collège, de faire un voyage dans le temps, dans cette  fenêtre temporelle qui va de 1990 à 1999.  C'est d’ailleurs ce qui freinera (peut-être) certains : ceux qui sont nés un peu trop tôt ou un peu trop tard et qui ne verront  dans ce récit qu'une addition de souvenirs beaucoup trop datés...

Personnellement, j’ai été épatée par la précision de l'auteur. Tout est si bien retranscrit : de nos conversations sans fin sur le téléphone familial, nos espoirs et désillusions à chaque retour à pied avec l'être chéri (parfois de façon unilatérale) jusqu'à l'odeur des chaussettes mouillées sur le radiateur de la colonie de vacances. Merci Adèle Bréau de m'avoir permis de revivre cette époque où notre découverte du monde semblait si naturelle et progressive. Oui, on n'avait pas Youtube sur un smartphone à 14 ans, ni la réponse instantanée à des questions qu'on ne se posait même pas. Mais on avançait chaque jour vers l'age adulte, bercés par des heures de cours, des rédactions de français le dimanche soir après la lecture en cachette de Jeune et Jolie et des souvenirs extras de classes de neige !

Nostalgique, moi ? Oui sans doute un peu, pas de mon adolescence en tant que telle, mais de cette époque où on s'ennuyait un peu, pour mieux apprendre à grandir doucement.




25 août 2021

Mes prochaines critiques

Trois de Valérie PERRIN

Envoyé un peu spécial de Julien Blanc GRAS

Ensemble, on aboie en silence de GRINGE

(oui, je sais, suis un peu à la bourre!)

Même les méchants rêvent d'amour

Un roman intelligent qui, sous des allures de roman léger, questionne joliment nos rapports aux êtres chers et vieillissants.  Pour nous rappeler chaque jour de leur laisser nous raconter leur passé...avant qu'ils ne soit trop tard.

Une douce lecture estivale ! 

PS : en plus, il vient d'une très chouette librairie d'Angoulème, entre deux coups de pédales vers Rochefort! 

Note : **

Modern Love

Oh qu'il fait du bien ce livre ! Recueil des chroniques du New York Times, kaléidoscope sur l'amour sous toutes ces formes, filial,  passionné, cabossé, vieillissant... Quarante-deux chapitres qui questionnent notre façon d’aimer au 21e siècle.

J'ai assurément dévoré ces chroniques de 3 ou 4 pages sans jamais être déçue. Tous les personnages sont attachants, par leur sincérité, leurs fêlures ou l'écho avec nos histoires passées. 

A lire d'urgence ! 

Note :  ***


Les demoiselles

Sur les conseils d'une bonne amie et lectrice assidue, je m'achète les Demoiselle de Anne Gaëlle Huon, auteur que j'affectionne pour ses romans "feelgood", sans critique de ma part.  D'autant que pour avoir croisé l'auteur lors d'un salon du livre et la suivre sur Instagram, j'ai une vraie tendresse pour ce qu'elle est (pimpante, nature) et pour ses stories pleines d'humour et de joie de vivre !

"Je n'ai pas pu le poser " me dit mon amie ...Cela ne sera pas vrai pour moi ! Je ne le classe pas parmi mes livres inoubliables, je ne me levais pas plus tôt le matin pour pouvoir dévorer en douce, quelques chapitres mais il m'a fait voyager dans le pays basque des années 30, à l'occasion de notre randonnée vélo!  On y découvre un monde méconnu, le petit village basque de Mauléon, l'univers coloré et festif des Demoiselles, le champagne et les plaisirs de la chair, mais aussi le monde ouvrier de ces jeunes espagnoles, les Hirondelles, qui traversaient l’Espagne pour venir travailler dans des fabriques d'Espadrilles pour quelques sous.

Le talent de Anne Gaelle Huon est dans doute cette facilité déconcertante à mixer sujets sensibles (et oh combien casse g... ) : le monde ouvrier, les violences conjugales, l'avortement, le deuil, et l'univers des cabarets parisiens et la volupté des années folles au travers des portraits de femmes puissantes, cultivées et indépendantes !  Et dans cette époque tourmentée, il est bon de parler de ces femmes libres d'il y à presque 100 ans.


Note : **

24 août 2021

Vertige Coquelicot


Petite pépite de mon été. 

70 éditoriaux compilés dans ce joli livre, plein d’intelligence, de références, d'humour. 

Nicolas Espitalier est rédacteur en chef du Mag de Sud-Ouest. C'est aussi assurément un poète, un auteur et un merveilleux observateur du monde qui nous entoure. En une centaine de pages, il nous livre un bien joli regard sur le temps qui passe, notre quotidien, en passant par nos armoires en bois, nos SMS ou nos gares!

Ça se picore, ça se savoure, ça se relit, à haute voix, c'est absolument SAVOUREUX.

A mettre entre toutes les mains pour une parenthèse de poésie.

Note : ****

10 juillet 2021

Il a jamais tué personne mon papa

Raconter son père n'est pas chose simple, raconter son père alcoolique l'est encore moins. Avec son regard de môme, ses mots de gamin, et un humour grinçant, comme à son habitude, Fournier nous raconte magnifiquement un père aimant mais bien trop souvent absent (les copains du bar), un père médecin, attentif pour ses malades (qui lui offrent trop souvent un petit coup), un père fantasque, souvent incapable de ramener la voiture chez lui. Mais c'est aussi le récit d'une famille qui tient debout tant bien que mal,  entre les silences, les ivresses et les violences involontaires. 

En 100 pages à peine, tout est dit sur cette maladie qui grignote tout sur son passage y compris le temps et l’attention pour les siens. J'ai fini les larmes aux yeux comme souvent avec Jean-Louis Fournier.

Note : ***

Les enfants sont rois

8 juillet 2021

La fine fleur

Un grand film? Non assurément ! C'est un peu attendu, plein de bons sentiments et de ficelles scénaristiques mais c'était parfait pour un dimanche après-midi entre deux averses, pour  une séance de ciné solo.

L'histoire d'Eve Vernet (toujours épatante Catherine Frot)  grande créatrice de roses, héritière de l'empire Vernet.  Hélas, après de belles années et de concours horticoles remportés haut la main,  elle est à deux doigts (ou plutôt deux roses hybridées) de la faillite. Faut dire que la concurrence est rude ! Pour s'en sortir, Vera, son acolyte de toujours décide de faire appel à trois employés en réinsertion sans aucune compétence en matière d’horticulture. Entre le repris de justice, le syndicaliste et hypersensible, on sent que ça va être gratiné. Évidement, tout ce petit monde va apprendre à se découvrir, se serrer les coudes et unir leurs talents (cachés!) pour sauver l'entreprise.

La salle était pleine (moyenne d'age 71 ans) de petits couples de retraités de province qui comme moi sont ressortis la larme à l’œil. Faut dire que tout est réuni : histoire de famille, transmission de savoir, réinsertion professionnelle, ténacité.

Ajoutez à cela une bande son sympa...et c'est le bouquet :) 

Efficace et sans aucune prétention !




Ne m'oublie pas

Premier roman graphique pour moi, vraie découverte. Peu de mots, des dessins épurés et pourtant l'émotion est à son comble. 

La jeune dessinatrice, s'inspire de son histoire personnelle pour imaginer un récit de road trip avec sa grand mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. Sur un coup de tête, elle l'extrait de l'Ehpad pour l'embarquer dans sa petite automobile en direction de la mer et de sa maison d'enfance. 

Le parcours nous offre nombreux flashback,  retours en enfance plein de tendresse et de complicité mais aussi une très belle réflexion sur le temps qui passe et l'attention portée aux siens.

On referme la dernière page le coeur gros d'avoir quitté ce puissant récit de vie 

Note : ****

12 juin 2021

Adieu les cons

Semaine de réouverture des cinéma, dimanche après-midi, les places sont réservées, Adieu les cons nous attend. La salle est à nous, nous sommes 20 pour 300 places, l'écran est immense, personne ne me machouille du pop-corn dans l'oreille, le spectacle peut commencer...

Et quel spectacle!  J'en ai pris plein les yeux, plein les oreilles et surtout plein le cœur.

L'histoire est la suivante : Suze apprend  à l'aube de la quarantaine qu'elle est atteinte d' une maladie pulmonaire gravissime, elle décide de retrouver l’enfant  qu'elle a été forcée d'abandonner quand elle avait 15 ans. Au détour d'un rendez-vous administratif des plus surréalistes, elle fait la connaissance d’Albert Dupontel, un brillant informaticien dépressif décidé à en finir et un archiviste aveugle. Voici nos trois boiteux de la vie, en quête de ce môme dans une ville impersonnelle.

J'ai tout simplement été retournée par ce film. J'en suis sortie émue, l’œil tout humide. Tout y est : la poésie, l’engagement politique, la mélancolie, la folie, la réflexion philosophique sur nos individualismes. La critique est acerbe à certains égards, monde professionnel de performance, bureaucratie absurde,  pertes de repères, relations humaines appauvries par une technologie envahissante. 

Virginie Efira est magistrale, n’ayons pas peur des mots... incarnée, solaire, bouleversante. Dupontel est grandiose, comme toujours, dans la peau de ce quinquagénaire en mal de vivre, solitaire et dépressif. La réalisation est à l'image des comédiens, formidable: dans le lumière de cette ville jamais nommée, la solitude des uns croisent l'urgence de vivre des autres.

Courrez y : c'est un bijou de folie et ça fait un bien fou en ce moment.

 


27 avril 2021

Je ne te pensais pas si fragile


Comment je suis tombée sur cette pépite ? Je l'ignore encore. Il a surgi de nulle part un soir sur un réseau social (avais-je tapé "épuisement professionnel" sur google...)
 
Quel choc !  
 
Inspiré de son expérience dans une entreprise "corporate", où l'on est "potes et collègues", parfaite en apparence, Kikka retrace après l'arrivée d'un nouveau directeur, la descente aux enfers, l'épuisement, la traversée du désert mais surtout la guérison et la résilience.  

Un livre qui résonne encore très fort en moi tant le propos a fait écho. Dans cette époque où tout est compté, où les indicateurs nous pilotent,  dans cette courses effrénée aux résultats, armée de mon seul désir de bien faire comment ne pas être profondément émue par l'histoire de Clothilde.  Comment tenir le cap, comment se relever après un burn out, comment partir au bon moment ?  

Et les autres, les collègues, les amis, la famille, le médecin du travail, quels sont leurs devoirs : informer, alerter, réparer ? Impuissants parfois, planqués par confort quelquefois, ou terrorisés aussi, aveugles ou aveuglés. Tout est très justement abordé et particulièrement bien écrit. Car oui, à aucun moment on a le sentiment de lire Psychologie magazine ou  un livre de développement personnel. C'est de la littérature : les mots sonnent juste et fort.

Je n'ai qu'une envie: rencontrer l'auteur lors de son roadtrip en van pour lui faire dédicacer mon exemplaire. 

https://kikkaauteure.fr/


Ensemble, on aboie en silence

Je préfère ne pas

Merci à ce très cher pharmacien romantique qui se reconnaitra pour ce nouveau conseil littéraire.

C'est en cherchant les autres ouvrages de l'auteur que j'ai réalisé que Monsieur Schifres faisait partie des classiques familiaux. J'ai toujours vu trainer sur l'étagère de la bibliothèque paternelle ou celle des petits coins le "Nouveau dictionnaire des idées reçues, des propos convenus et des tics de langage ou Le dîner sans peine. Adolescente je ne comprenais pas toujours tout, mais j’aimais l’érudition de l'auteur et le cynisme ambiant. 

Adulte, je ne comprends toujours pas tout ...mais qu'importe. C'est stimulant pour l'esprit, c'est vif, malin, bourré de références littéraires (qui m’échappent parfois avouons le!). Dans cet opus, Schifres nous dépeint le "comment ne pas" ou "théorie de l'évitisme". Certains y verront un auteur un peu réac, qui refuse la modernité et le progrès, se complait dans un autre temps. Ce temps où le journal se lisait sur du papier et où le téléphone ne vous informait pas du taux actuel d'humidité à Singapour. C'est un peu vrai mais c'est très drôle.  

 L’achat du téléphone qui ne fait que téléphone est hilarant

Je vous laisse découvrir :  "L’appareil, avec son clapet à l’ancienne, m’a donné satisfaction jusqu’au jour qu’il est tombé dans un bol de punch. Le rhum a tout englouti, mes adresses, mes messages d’amis morts. À mon grand soulagement, j’ai retrouvé ma vendeuse. Elle se souvenait de moi comme de l’homme qui a autre chose à faire que de se simplifier la vie. Elle m’a invité à m’asseoir sur un de ces hauts tabourets sans dossier qui donnent immédiatement envie de rester debout. Munie d’une torche électrique, elle s’est absentée un long moment, sans doute à la cave, d’où elle a remonté mon modèle sino-suédois.En passant le chiffon sur la boîte, elle ne m’a pas caché qu’il y avait, dit-elle, « un petit hic ». Frappés du syndrome Marks & Spencer, les Sino-Suédois n’avaient su s’interdire d’ajouter un bonus : la météo. « Vous pouvez l’installer comme fond d’écran », m’a-t-elle consolé. « Si ça ne vous fait pas trop de souci », a-t-elle ajouté. Rentré à la maison, j’ai affiché Paris. Un soleil est apparu derrière un nuage, et la mention Paris : - 3°C. Nous étions en juillet, sous une pluie d’orage. J’appris en consultant le menu qu’il y a d’autres Paris que Paris. Le Paris grouille. Le Paris pullule. Ontario, Ohio, Mississippi, Pennsylvanie, Oregon, Indiana ont la chance d’héberger cette créature légendaire : la Parisienne. Le Paris que j’avais capté par hasard est un gros bourg de l’oblast de Tcheliabinsk, dans l’Oural. On y admire une tour Eiffel au 1/15 e. Par ailleurs, le 13 février 2013, à 9 h 20 heure locale, une météorite de 13000 tonnes a explosé dans le coin. Ils l’ont appelé le Superbolide, un nom d’un modernisme désuet, voire nunuche, comme les aimaient les Soviétiques. Le hic, comme dirait ma vendeuse : je n’ai pas trouvé le moyen de chasser ce Paris de mon écran. J’ai décidé de l’adopter, comme un chien perdu dans les solitudes glacées du cyberespace. Après tout, le temps est à chacun. Ne dit-on pas : Alors c’est votre temps ? À l’instant que j’écris, il fait - 27 à Paris, sous un ciel sans nuages. Un verre de thé serait le bienvenu".

23 mars 2021

35 ans (dont 15 avant Internet)

Merci Nora Hamzawi de m'avoir fait pleurer de rire au point de perturber la sieste de mon mec! Ce genre de livre qui vous fait vous redresser du lit à cause du mal aux abdos et la peur de mourir étouffée. 

Merci d'avoir rendu mon weed-end encore plus merveilleux qu'il ne l'était perdu au milieu des sommets pyrénéens enneigées.

Sur l'étiquette de mon paquet cadeau, je lis, spoiler ce cadeau est génial. C'était vrai. Chaque chronique est un monceau d'humour, d'autodérision, mais aussi un regard très juste sur notre société actuelle. Merci pour ce joli souvenir, moi fille de 1982 ayant grandi avec les t-shirt poivre blanc, une tête à coiffer, mon carnet secret et Melrose place. Merci de les faire réexister au milieu des Iphone, Hashtag et BFM TV.

Que celle qui ne se reconnait pas se lève!  Oui,  toi aussi tu as déjà regardé un tuto make-up intégralement, (personnellement j'ai même recommencé), oui, je fais partie de celles qui ont décidé de ranger leur appart pour s'apercevoir qu’elles ne sont pas faites pour suivre les conseil de Mlle Kombo et autres obsessionnelle de l'ordre ! Et oui, je ne sais pas marcher avec des talons... (sans ressemblait à une dame qui fait le tapin). 

Et oui, je recommande cet antidépresseur sans aucune contre-indication (si ce n'est votre date de naissance : j'ai peur que pour les moins de 30 et plus de 45 ça puisse être un poil moins désopilant)  


10 mars 2021

Les choses humaines


À plusieurs reprises, flânant dans mes librairies favorites, je l'avais vu, retourné, feuilleté puis toujours reposé... 

Depuis sa sortie en poche, il me faisait de l’œil avec sa couverture troublante, ce rouge à lèvres baveux, aguicheur ou déstabilisant de violence selon l'humeur. 

Je me laissais finalement convaincre par mon libraire arcachonnais et j'ai bien fait! J'ai plongé à pieds joints dans ce roman ultra moderne qui questionne brillamment sur les rapports humains, la zone grise du (non)consentement dans un petit monde bourgeois, parisien, intellectuel, où les apparences sont capitales, et le doute n'est pas permis. 

Le roman se découpe en 2 parties. 

Première partie. Et l'on pose les personnages. Le couple Farel brille. Jean, journaliste politique de 70 ans est sur tous les fronts. Refus de vieillir, besoin de plaire, de tout contrôler. Sa femme Claire 45 ans est une écrivain féministe. Ils ont un fils, Alexandre, qui étudie dans une prestigieuse université californienne. Claire est cocue mais cela ne semble pas son problème  majeur (Le sait-elle ? s'en accommode-t-elle?). Les deux époux se respectent, s'épaulent. Et puis les Farel se séparent. Claire part vivre avec son nouveau compagnon Adam, père de la jeune Mila, juive introvertie. Page après page, l'auteur pose les bases de l'onde de choc : la soirée. Alexandre aurait au cours d'une soirée étudiante abusé de Mila, la fille d’Adam. Une plainte pour viol est déposée et c’est le début de la chute des Farel. 

Seconde partie. Vient l'heure du procès. Très intéressant regard sur la justice, le procès, les rouages de la défense. En plaçant le lecteur dans la peau d’Alexandre, jugé pour viol présumé, on se sent incontestablement dans une position moins accusatrice. Et c'est là, tout l’intérêt du roman. Et s'il n'avait rien fait ? Du moins, s'il n'avait pas conscience d'avoir fait. Quelles étaient les (ses) limites à ne pas franchir ? Quelles étaient celles de Mila ? Avait-il les moyens de juger au moment présent sous l'emprise de stupéfiants ? 

Le livre se dévore, en particulier dans sa deuxième moitié. Où l'on comprend que rien n'est tout blanc ou tout noir. Il y a cette fameuse zone grise. On assiste aux versions des protagonistes avec un réalisme troublant. Brillantes plaidoiries, témoins de dernière minute, défense endiablée. Viol. Ou pas ? consentement non verbalisé ou refus tu ? C'est la toute la question et c'est fort intéressant et bien mené !

8 février 2021

Mon garcon

Prenez un père absent et un adolescent de 16 ans, un chagrin d'amour pour le môme qui ravive les souvenirs du papa, des deuils incomplètement faits, des ruptures non digérées, des souffrances inavouées.  Mettez-les dans une voiture, fermez les portières, appuyez sur la pédale : la  thérapie peut commencer.

A plusieurs égards, ce livre m'a fait penser au film de Chabat "Papa", que j'avais infiniment aimé il y a une quinzaine d'années.

Par son propos tout d'abord. Un road trip thérapeutique entre un père et son gamin. On connait tous cela (à moindre échelle sans doute) : la discussion de voiture. Bizarrement, coincés dans la carcasse de la bagnole, enfermés dans l'habitacle, les yeux sur la route et non yeux dans les yeux, la parole se libère. On prend la route comme on entame un travail de catharsis, une libération de l’âme. Et on avance, sans véritablement savoir comment on arrivera, mais avec l'intime conviction que les choses pourront bouger après.

Et surtout par sa sensibilité. Que d'émotions et de belles réflexions à la lecture de ces courts chapitres. Xavier de Moulins parvient à mettre des mots (fort bien choisis au demeurant) sur la culpabilité, le pardon, l'oubli, le souvenir. L'exercice est délicat mais le résultat à la hauteur!

Merci à Babelio, Flamarion et masse critique pour cette très belle lecture.


Le dernier enfant

Certains ici savent comme j'aime Philippe Besson. J'aime sa sensibilité,  ses histoires qui sonnent juste, qui font vibrer en chacun d'entre nous ce petit détail du réel et surtout sa facilité  déconcertante à dépeindre des sentiments complexes ! 

Dans "le dernier enfant", il est question d'une séparation. C'est le récit du grand départ, celui du petit dernier du foyer familial (pour s’installer à 40 km). Ce n'est pas bien loin me direz-vous? Certes, mais la distance, quels que soient les kilomètres, sonne la fin du foyer traditionnel, de l'équilibre du cocon. 

Le roman est difficile à lâcher tant l'émotion est omniprésente. Quel émouvant regard sur ce lien invisible, ce fil tendu entre ce petit dernier (fragile selon sa mère) et ses parents, une famille "France moyenne" provinciale. Quelle belle analyse des méandres de la filiation, de la complexité de ce fil tendu (noueux parfois) entre enfants et parents. Quand il faut couper ce lien, c'est une page qui se tourne et une vie à ré-imaginer .

J'ai d'ailleurs été troublée de l'écho qu'a trouvé en moi cet opus. Je ne suis pas mère, seulement fille et pourtant, c'est là le talent de Besson, tout raisonne! Je me souviens de mon départ de la maison, mon installation quelques rues à coté ! J'avais tout pour rester (disait-on) : le gite, le couvert, la faculté à proximité. Et, pourtant je rêvais (sans doute comme Théo) d'indépendance.

Besson, une fois n'est pas coutume réunit son talent pour dépeindre la solitude de cette mère, les dernières 24h avec son petit dernier, de la tartine grillée au déchargement de l'armoire en kit, jusqu'au hamburger insipide partagé dans un restaurant sans charme. Quant à la plume, on ne se lasse pas, subtile, rythmée, précise pour nous narrer admirablement bien les angoisses de solitude et de vide béant de cette mère, la vie à deux à (re)construire. La fin est à l'image du livre: forte et superbe!

Vivement le prochain.


24 janvier 2021

Le malheur du bas


Sombre plagiat du livre «  je me suis tue » de Mathieu Ménégaux qui m’avait à l’époque beaucoup tant remuée ! (Cf critique ici ) 

Même propos, personnages à la limite du copier collé et détails morbides la limite du tolérable! 

Page 120 : Je renonce.  Comme on dit chez moi, la vie est trop courte pour s’encombrer de lectures pénibles et les librairies fourmillent de bons romans ...

11 janvier 2021

13 à table


Lire et faire une bonne action...Comme chaque année, comment résister ?
 
Toutes les nouvelles ne sont pas incroyables, ni vraiment inoubliables mais elles ont leur charme, la patte de leur auteur, comme une petite histoire singulière avant de dormir. Dans ce 7e opus au profit des restos du cœur, il est question d’amours : les premières, celles qui nous marquent, celles qui font probablement de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Des déceptions, des peines, des désillusions. Mais aussi des souvenirs et de jolies cicatrices. Une préférence pour les textes de Philippe Besson, Jean-Paul Dubois, François d’Epenoux, Olivia Ruiz et Leïla Slimani. Celle que j'ai beaucoup moins aimées : Agnès Martin-Lugand et Maxime Chattam...mais d'autres y trouveront sans doute leur plaisir !

La petite dernière

Comment être une jeune femme, musulmane, pratiquante et homosexuelle au 21e siècle ? Comment aimer une autre sans être dés-aimée des siens ? 

La question est posée, et admirablement posée par Fatima Daas dans cette courte auto-fiction. Chaque chapitre commence par un « Je suis Fatima Daas » comme une affirmation de soi, une volonté d’exister. Chaque ligne vascille entre poésie, slam, roman, prière. 

Un très beau témoignage sur la difficulté de s’affirmer sous le poids des traditions.

Mon père, ma mère, mes tremblements de terre

Le roman s'ouvre sur une salle d'attente : Charlie, 15 ans attend son père qui vient d’entrer au bloc opératoire pour le grand saut, le passage vers un corps de femme. En face de lui, sa mère enchaine les parties de Candy Crush pour mieux lutter contre l'angoisse, pour ne pas laisser place au vertige de la mort de son mari Aurélien. Car il est bien question de mort : la mort du père "homme" pour une renaissance, celle d'Alice le nouveau père, celui qui se (re)sent femme. Une chirurgie au nom compliqué :  "Aïdoïopoièse" aussi compliquée que les heures d'attentes, qui l'entourent. 
Pendant ces 4 heures, Charlie retrace le séisme familial : de la première secousse (l'annonce officielle), jusqu'à la table d'opération en passant par les répliques nombreuses et violentes : dépression de la mère, moqueries familiales, du voisinage, railleries des collégiens, perte de repères...
Tout est raconté avec infiniment de tendresse, de poésie pour mieux laisser transparaitre l'amour familial. Amour d'un enfant pour ses parents, amour infini d'une épouse pour cet homme qui ne se sent pas homme, de cet homme, si malheureux dans un corps encombrant, pour les siens.

Un très beau livre, moderne et généreux.



Pilules Roses, De l’ignorance en médecine » (Stock, 2023) de Juliette Ferry-Danini

Le SPASFON (phloroglucinol), vous connaissez bien sûr ! Qui n’a pas reçu, au cours de sa vie ce comprimé rose fuchsia, dragéifié façon bonbo...