30 octobre 2020

Bénie soit Sixtine

Il y a quelques semaines, je me souviens avoir lu un résumé alléchant sur ce premier roman (découverte  de Vanessa Springora, aux Éditions Julliard) sur l'emprise et la fuite d'une jeune trentenaire du milieu catholique intégriste.  Faut dire qu'en matière d'emprise, Vanessa Springora a de quoi avoir du flair (cf. le consentement). 
 
Au commencement, il est question d'une jeune femme, Sixtine élevée dans la plus pure tradition catholique, par Muriel et Bruno, avec prières quotidiennes et confessions obligatoires. Quelques pages plus tard, la voila vierge et mariée à Pierre-Louis, un catholique pratiquant, rétrograde et violent envers tout ce qui ne répond pas à la SA morale divine.  Chez eux, pas de place au plaisir, tout n'est que sacrifice et rédemption. Rien ne lui est épargné : rapports sexuels obligatoires sans plaisir (pourquoi donc ?),  nausées de la grossesse, accouchement sans péridurale). La femme n'a pas à travailler, elle est là pour préparer des cakes qu’elle se doit de servir à 16h tapantes, dans de jolies assiettes en porcelaine et pondre de petits héritiers... Sixtine étouffe entre une belle-mère omniprésente et ce mari violent. 

A la suite d'un événement tragique que je ne dévoilerai pas, elle s'enfuit, tentant d'échapper à cette prison spirituelle.  Fuite brutale avec son gamin sous le bras et le Break de son époux pour une plongée dans un monde totalement parallèle, de marginaux un peu déglingos et musiciens chaleureux. Fuite assurément salvatrice dans un environnement où c'est la musique (et le pétard) qui font oublier les péchés...

En parallèle, on découvre au travers de lettres de sa grand-mère, Erika, l’héritage culturel,  bien moins traditionaliste qu'on ne l'imagine, des ancêtres de Sixtine.

Entre thriller et réflexion philosophique sur l'emprise et la condition féminine, un roman passionnant! 


10 octobre 2020

Antoinette dans les Cévennes

Une petite comédie romantique sans prétention qui donne surtout envie de rechausser les pompes de randonnée pour se recentrer, se concentrer sur l'essentiel et respirer l'air frais des montagnes. 

Me tarde cet été, tiens !!

La daronne 0/5

C'est simple, j'ai trouvé ce film pénible, inutile, pas drôle! Le film échoue partout là où le  livre d'Anne-Laure Cayre brille par son cynisme et sa noirceur.

Isabelle Huppert, pour laquelle je n'ai pas une passion (c'est peu de le dire) n'est jamais crédible ni émouvante...Elle surjoue voire dénature totalement le personnage de Prudence, pourtant troublante dans le livre. Il faut la voir porter péniblement des sacs de shit, que l'on sait factices à 100 km pour se demander si elle est comédienne! Quant à son amoureux (Girardot), sa naïveté fait peine. 

Mème les petits dealers de banlieue, dont Anne-Laure Cayre se moquait avec tendresse par leurs attitudes, leurs accoutrements sont fades! 

Enfin, ce qui faisait la qualité du livre, c’étaient les références au passé, à l'enfance, ces rapports familiaux troublés, dans cette famille pas très honnête, où le jardin servait  parfois à cacher des cadavres. Rien de tout cela ne transparait dans ce "mauvais téléfilm". Bref, vous l'avez compris: j'ai détesté.

Passez votre chemin, zappez la séance ciné, courez chez votre libraire, pour le même prix vous avez un roman désopilant !!


5 octobre 2020

Histoire du fils

Vous connaissez peut être mon admiration pour Marie-Hélène Lafon (MHL). 
Il y eut d'abord "L'annonce" qui m'avait emmenée il y a près de 10 ans, loin dans un Cantal  austère, au milieu des bêtes et des agriculteurs solitaires. Puis "Les Pays", en 2014, oh combien émouvant par son caractère autobiographique.  Et cette plume, incomparable, ...rugueuse parfois,  précise toujours,  ce style, aiguisé, impeccable !  J'aime tout chez MHL mais surtout son phrasé, son érudition. J'aime qu'elle m'apprenne de nouveaux adjectifs, qu'elle m'emporte avec son écriture hors du temps, si atypique pour une auteur de notre siècle.

Dans celui-ci, il est question d'un fils, André né de Gabrielle, une mère absente, parisienne, distante et de père inconnu. André est élevé par sa tante Hélène dans le Lot.  Il grandit heureux, choyé, unique garçon, brillant et adoré de tous. Pourtant l’absence, celle des racines, est là, en filigrane sur près de 100 ans. L'histoire (et c'est là ce qui en fait le charme ) est construite comme un puzzle, une fresque chronologique désordonnée qui s'emboite chapitre après chapitre de 1908 à 2008. Comme d'habitude avec MHL, ça sent le terroir, les traditions et le silence de la campagne. On ne dit pas grand chose mais on ressent beaucoup.

Andeé, Paul, Hélène, Gabriel,  et les autres....qu'ils sont beaux ces personnages, qu'ils vont me manquer.

Pilules Roses, De l’ignorance en médecine » (Stock, 2023) de Juliette Ferry-Danini

Le SPASFON (phloroglucinol), vous connaissez bien sûr ! Qui n’a pas reçu, au cours de sa vie ce comprimé rose fuchsia, dragéifié façon bonbo...