Toute la journée, je me suis dis: ce soir, je vais voir "Amour" sauf que (sans véritable raison) je le prononçais "Amorrr" et je
crois que le lapsus n'a jamais été si vrai. Car oui, ça parle de mort,
de fin de vie, de souffrance, de maladie.
Mais il faudrait donc
ajouter que ça parle de mort, sans être jamais sordide; ça parle de fin
de vie mais ça n'est pas glauque, ça parle de souffrance mais ça n'est
jamais pervers....parce que ces deux là s'aiment. Depuis près de 60 ans,
ils avancent côte à côte. On les découvre côte à côte au concert, côte à côte dans le bus, assis côte à côte à la table de la cuisine de cet
appartement bourgeois empli de livres. C'est un matin, à cette table qu'Anne subit
sa première attaque, premières minutes d'une chute, inexorable, lente et à la
fois brutale vers la fin. Pour George, son mari, le valide, c'est le début de l'abnégation.
Tout
est dérangeant et beau en même temps. Les scènes s'étirent, nous
laissent face à des pièces vides, juste le temps qu'il faut, le temps de
faire naître en nous le malaise pour le faire disparaître la seconde d'après
devant un geste de tendresse de George pour Anne, un mot de réconfort,
des caresses d'apaisement.
Et puis ces mots, cette réalité
qu'on prend en pleine face quand George dit à sa fille, Isabelle Huppert
étonnée que sa mère ne soit pas à l'hôpital, traitée par le médicament miracle : “Il n’y a rien à faire, ça va être de pire en pire, puis ça s’arrêtera".
En sortant, je me suis dis, c'est déprimant...en y repensant je me dis, c'est incroyablement réaliste!
Ecoutez ou Lisez Vincent Josse sur Inter : http://www.franceinter.fr/blog-le-blog-de-vincent-josse-aimer-a-perdre-la-raison
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