6 novembre 2023

Le théorème de Marguerite

La bande annonce ayant réussi à convaincre l'Homme de m'accompagner au cinéma, nous atterrissons dans une micro-salle pour aller voir le théorème de Marguerite. 

Marguerite, 24 ans, petite lunettes rondes, démarche atypique, gros pull de laine, est chercheuse en mathématique à l'ENS, en dernière année de thèse avec un directeur de thèse incarné par le formidable Darrousin. Son sujet : la conjecture de Goldbach à ce jour non entièrement démontrée (i.e. "Tout nombre entier pair supérieur à 3 peut s’écrire comme la somme de deux nombres premiers") (ne m'en demandez pas plus...) 

Mais tout bascule à la suite d'une erreur de raisonnement. En quelques minutes, tout vrille, 3 années de thèse inutiles, plus de projet solide, Marguerite décide de tout plaquer. Adieu l'ENS, la carrière de chercheuse, mais aussi les railleries machistes de l’établissement, les guerres de publications et la vie monacale de l'école normale (où elle vit en chaussons). 

Un peu paumée et sans objectif dans Paris, elle se trouve une coloc dans le quartier chinois avec une jeune danseuse aussi libérée et bordélique que notre héroïne est introvertie et obsessionnelle. Et comme il faut bien payer le loyer, la voila qui se lance dans des formations d'enquêtrices pour cosmétiques, un poil encombrée par son cerveau de chercheuse ("le sondage est biaisé" dit elle à la formatrice ahurie). 

C'est finalement grâce au Majong découvert dans les appartements cachés du propriétaire de son appartement qu'elle va exceller ! "Tout n'est que paires et brelans" dit-elle...Derrière ses prouesses à ce jeu chinois réapparait l'omniprésence des mathématiques. Elle ne peut pas vivre sans nombre premiers, équations, espaces infini de possibles. Petit à petit, les mathématiques ressurgissent, les murs de sa chambre se couvrent de formules... (quelle superbe scène que les murs de sa chambre, puis du salon transformés en tableau noir, recouverts de craie et de formules (auxquelles le spectateur ne comprend rien mais qui sonnent assurément comme de la poésie pour elle). 

Aidé d'un jeune chercheur (celui qui avait fichu sa thèse à terre en soulevant l'erreur), elle renfilera la costume de la chercheuse passionnée pour finalement résoudre un pan de l’équation de Goldbach. 

Et quand surgit - au milieu de la logique pure et de la névrose obsessionnelle, ce sentiment nouveau et incontrôlable qu'est le sentiment amoureux (celui qui n’obéit à aucune équation) on se dit là qu'on tient un très très joli film. 

Validé par l'Homme aussi qui m'a dit : on va retourner au ciné, ça fait du bien !!

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