27 décembre 2014

Whiplash

Un film déroutant et captivant sur un apprentissage musical et sur la relation maître/élève qui l'accompagne. L'élève est un tout jeune adulte, batteur de jazz de talent, qui vient tout juste d'intégrer une prestigieuse école de musique new-yorkaise. Le maître est un tyran mélomane, passionné et extrémiste. L'un cherche la pépite du jazz, la future étoile, à coup d'humiliation et de violence; l'autre, voit dans en ce maître et ses méthodes extrémistes, le prix du succès...quitte à tout perdre? Pas sur! On se croirait alternativement dans un film de combat (avec sa dose de sueurs et de larmes) et dans un thriller psychologique. Les revirements de situations et les facettes multiples des personnages maintiennent le spectateur dans une sorte d'angoisse permanente sur fond de jazz. Qui va gagner ? Qui va plaquer l'autre ? Le maître, pervers, exigeant à l'extrême, ou l'élève tour à tour malmené, puis revanchard. Les deux acteurs sont époustouflants de vérité. On lit dans leur regards la peur, l'admiration, la soif d'excellence, on transpire avec eux, on souffre a chaque plaie...et que de tension dans chacun de leurs échanges. Quant aux dernières vingt minutes : jamais vu cela auparavant! La preuve: un mélange de tremblements et de larmes s'est emparé de moi à la 21ème minute, dans un souffle, quand le générique est apparu. 

6 commentaires:

  1. Je n'avais pas autant détesté de film au cinéma que "Whiplash" depuis "Black Swan". Les raisons sont différentes: "Black Swan" était un film simplement prétentieux, "Whiplash" est de mon point de vue un film absolument odieux.

    Non que je trouve quelque défaut formel à lui reprocher (c'est certainement très bien filmé, la caméra sert le propos etc, les acteurs sont très bons, le scénario est correctement écrit et l'histoire fonctionne sans problème). Mais alors, t'entends-je dire, qu'est-ce qui ne va pas ? Alors Alors ?

    Alors d'abord les deux personnages m'ont été immédiatement antipathiques. Fletcher pour l'évidente raison que c'est un tyran infréquentable ; quant à Andrew, comment aimer un type qui bouffe du pop-corn la bouche ouverte en conversant à voix haute sur le fait qu'il ne veut pas manger les raisins secs sur le dessus du paquet alors que le film a déjà commencé ? A partir de ce moment là on comprend que le type va passer les deux heures suivantes à se regarder le nombril.

    C'est pas très grave. Passons. Deuxième point : le matériau principal de ce film est constitué par des scènes d'humiliation. Or le spectacle d'une humiliation, quels qu'en soient la nature et le motif, même s'il s'agit de dénicher le nouveau Buddy Rich, même s'il y a des boiseries au mur, même si la musique est belle, me débecte et me met mal à l'aise.

    Troisième point (le plus important) : ce que tente de nous dire le film, du moins ce que je crois en avoir compris, et je compte sur toi pour me faire savoir si ta réception en est différente. Sous prétexte que Charlie Parker est devenu Bird parce que Jo Jones lui a balancé une cymbale à travers la tronche, la tyrannie et la violence seraient des méthodes acceptables pour faire éclore les talents qui, sinon, resteraient à jamais enfouis, au grand désespoir des esthètes de l'humanité. Et là pour moi c'est inacceptable. A mes yeux rien ne justifie qu'un homme crève à 35 ans la gueule dans la caniveau, malade et drogué. Pas même l'Art.

    Tu me connais : tu sais que je ne serais très malheureux sans littérature et poésie, sans musique ou sans cinéma. Mais ce message là, je ne peux que le rejeter en bloc. Je déteste ce film.

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    1. Je te réponds plus longuement dans la journée mais une chose est sure: tu causes bien et je me sens toute petite !

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  2. J'ai adoré ce film et pourtant je partage le point de vue d'Eric, comme quoi...
    Il faut juste faire la différence, un bon film n'est pas forcément en film qui raconte une histoire en harmonie avec ses propres opinions et sentiments. Oui, le fait que la moralité et la façon de faire de ce prof malsain et violent gagne à la fin peuvent paraitre gênant (elle l'est) mais un film peut s'apprécier au-delà de ça. Je déteste la violence et tout ce qui l'entoure, mais j'apprécie un bon thriller même avec un peu d'hémoglobine et autres scènes noires.
    On a tous notre libre arbitre et le droit de pousser un coup de gueule, c'est ce que tu as fait Eric et c'est très juste. N'empêche, ce film est magnifique, je n'arrive pas à penser autrement.
    Pardon, je m'exprime sûrement très mal, pas facile avec un clavier.

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  3. Cher Eric, cher Jules.
    merci pour vos avis et impressions. Je suis également peu fan de la violence gratuite, ou d’humiliations publiqueS mais ce que je trouve drôlement bien foutu dans ce film c'est ce mélange de fascination/répugnation pour ce tyran de la part de son élève. A chaque instant, on assiste à une lutte de deux personnages ô combien égocentriques (c'est vrai!)
    Évidemment le propos est cruel et déstabilisant...(tu as raison Eric) mais le film laisse le droit au spectateur de s'offusquer, de dire que les limites ont été franchies ...
    Le réalisateur nous dit-il que l'humiliation est la seule voie vers le succès??? pas sûre.

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  4. Je viens de discuter de Whiplash avec mes parents qui ont assisté hier soir, dans le petit village landais de Mugron (honorablement connu pour son marché, son équipe de rugby et sa salle de cinéma art et essai), à sa projection suivie d'un débat avec un batteur professionnel.
    Globalement ils n'ont pas été conquis par le film, lui reprochant notamment ses lourdeurs, cette tendance au manque de subtilité d'un cinéma américain qui répète douze fois la même chose au cas où le spectateur n'aurait pas bien compris dès la première (dans cette veine, Mère et moi avons, par exemple, une aversion commune pour "Le cercle des poètes disparus").
    Cependant Père, homme globalement assez réfléchi je dois dire, lui-même batteur à ses heures et grand amateur de jazz, m'a apporté cet éclairage que je vous livre ici.
    Dans la dernière scène (la plus belle), après toutes les bassesses, les insultes dont ils ont été tour à tour l'instigateur et la victime, le maître et l'élève semblent se pardonner mutuellement pour communier en quelque chose de plus grand, de plus beau, qui transcende leur petite humanité: La musique. Puis il a ajouté : " De toute façon, si un film suscite autant de passion et de débats, c'est qu'il a quelque chose. C'est bien. "
    A cet égard j'espère que nous aurons le plaisir sur ce blog de parler du dernier livre de Michel Houellebecq ;-)

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  5. Assez bon film. Techniquement beau. Se laisse voir jusqu'à la fin avec une certaine tension qui va crescendo.

    Après je ne sais ce que le réalisateur veut dire ni même s'il veut dire quelque chose, en tous les cas de ce que j'ai pu voir tout le monde a un avis assez tranché sur le film, il ne laisse pas indifférent c'est le moins qu'on puisse dire.

    De mon propre point de vue la violence ne justifie pas tout. Et pas sûr (en prenant les choses à l'envers) que Charlie Parker ne soit pas non plus devenu Bird même s'il n'avait pas eu la fameuse révélation de la cymbale, on n'en saura jamais rien. De la création d'un mythe.
    Ce qui est certain (et c'est suggéré dans le film) c'est que ces méthodes brutales ne sont pas sans casse.

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