10 mars 2021

Les choses humaines


À plusieurs reprises, flânant dans mes librairies favorites, je l'avais vu, retourné, feuilleté puis toujours reposé... 

Depuis sa sortie en poche, il me faisait de l’œil avec sa couverture troublante, ce rouge à lèvres baveux, aguicheur ou déstabilisant de violence selon l'humeur. 

Je me laissais finalement convaincre par mon libraire arcachonnais et j'ai bien fait! J'ai plongé à pieds joints dans ce roman ultra moderne qui questionne brillamment sur les rapports humains, la zone grise du (non)consentement dans un petit monde bourgeois, parisien, intellectuel, où les apparences sont capitales, et le doute n'est pas permis. 

Le roman se découpe en 2 parties. 

Première partie. Et l'on pose les personnages. Le couple Farel brille. Jean, journaliste politique de 70 ans est sur tous les fronts. Refus de vieillir, besoin de plaire, de tout contrôler. Sa femme Claire 45 ans est une écrivain féministe. Ils ont un fils, Alexandre, qui étudie dans une prestigieuse université californienne. Claire est cocue mais cela ne semble pas son problème  majeur (Le sait-elle ? s'en accommode-t-elle?). Les deux époux se respectent, s'épaulent. Et puis les Farel se séparent. Claire part vivre avec son nouveau compagnon Adam, père de la jeune Mila, juive introvertie. Page après page, l'auteur pose les bases de l'onde de choc : la soirée. Alexandre aurait au cours d'une soirée étudiante abusé de Mila, la fille d’Adam. Une plainte pour viol est déposée et c’est le début de la chute des Farel. 

Seconde partie. Vient l'heure du procès. Très intéressant regard sur la justice, le procès, les rouages de la défense. En plaçant le lecteur dans la peau d’Alexandre, jugé pour viol présumé, on se sent incontestablement dans une position moins accusatrice. Et c'est là, tout l’intérêt du roman. Et s'il n'avait rien fait ? Du moins, s'il n'avait pas conscience d'avoir fait. Quelles étaient les (ses) limites à ne pas franchir ? Quelles étaient celles de Mila ? Avait-il les moyens de juger au moment présent sous l'emprise de stupéfiants ? 

Le livre se dévore, en particulier dans sa deuxième moitié. Où l'on comprend que rien n'est tout blanc ou tout noir. Il y a cette fameuse zone grise. On assiste aux versions des protagonistes avec un réalisme troublant. Brillantes plaidoiries, témoins de dernière minute, défense endiablée. Viol. Ou pas ? consentement non verbalisé ou refus tu ? C'est la toute la question et c'est fort intéressant et bien mené !

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