27 avril 2021

Je préfère ne pas

Merci à ce très cher pharmacien romantique qui se reconnaitra pour ce nouveau conseil littéraire.

C'est en cherchant les autres ouvrages de l'auteur que j'ai réalisé que Monsieur Schifres faisait partie des classiques familiaux. J'ai toujours vu trainer sur l'étagère de la bibliothèque paternelle ou celle des petits coins le "Nouveau dictionnaire des idées reçues, des propos convenus et des tics de langage ou Le dîner sans peine. Adolescente je ne comprenais pas toujours tout, mais j’aimais l’érudition de l'auteur et le cynisme ambiant. 

Adulte, je ne comprends toujours pas tout ...mais qu'importe. C'est stimulant pour l'esprit, c'est vif, malin, bourré de références littéraires (qui m’échappent parfois avouons le!). Dans cet opus, Schifres nous dépeint le "comment ne pas" ou "théorie de l'évitisme". Certains y verront un auteur un peu réac, qui refuse la modernité et le progrès, se complait dans un autre temps. Ce temps où le journal se lisait sur du papier et où le téléphone ne vous informait pas du taux actuel d'humidité à Singapour. C'est un peu vrai mais c'est très drôle.  

 L’achat du téléphone qui ne fait que téléphone est hilarant

Je vous laisse découvrir :  "L’appareil, avec son clapet à l’ancienne, m’a donné satisfaction jusqu’au jour qu’il est tombé dans un bol de punch. Le rhum a tout englouti, mes adresses, mes messages d’amis morts. À mon grand soulagement, j’ai retrouvé ma vendeuse. Elle se souvenait de moi comme de l’homme qui a autre chose à faire que de se simplifier la vie. Elle m’a invité à m’asseoir sur un de ces hauts tabourets sans dossier qui donnent immédiatement envie de rester debout. Munie d’une torche électrique, elle s’est absentée un long moment, sans doute à la cave, d’où elle a remonté mon modèle sino-suédois.En passant le chiffon sur la boîte, elle ne m’a pas caché qu’il y avait, dit-elle, « un petit hic ». Frappés du syndrome Marks & Spencer, les Sino-Suédois n’avaient su s’interdire d’ajouter un bonus : la météo. « Vous pouvez l’installer comme fond d’écran », m’a-t-elle consolé. « Si ça ne vous fait pas trop de souci », a-t-elle ajouté. Rentré à la maison, j’ai affiché Paris. Un soleil est apparu derrière un nuage, et la mention Paris : - 3°C. Nous étions en juillet, sous une pluie d’orage. J’appris en consultant le menu qu’il y a d’autres Paris que Paris. Le Paris grouille. Le Paris pullule. Ontario, Ohio, Mississippi, Pennsylvanie, Oregon, Indiana ont la chance d’héberger cette créature légendaire : la Parisienne. Le Paris que j’avais capté par hasard est un gros bourg de l’oblast de Tcheliabinsk, dans l’Oural. On y admire une tour Eiffel au 1/15 e. Par ailleurs, le 13 février 2013, à 9 h 20 heure locale, une météorite de 13000 tonnes a explosé dans le coin. Ils l’ont appelé le Superbolide, un nom d’un modernisme désuet, voire nunuche, comme les aimaient les Soviétiques. Le hic, comme dirait ma vendeuse : je n’ai pas trouvé le moyen de chasser ce Paris de mon écran. J’ai décidé de l’adopter, comme un chien perdu dans les solitudes glacées du cyberespace. Après tout, le temps est à chacun. Ne dit-on pas : Alors c’est votre temps ? À l’instant que j’écris, il fait - 27 à Paris, sous un ciel sans nuages. Un verre de thé serait le bienvenu".

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