1 mars 2024

Le consentement

C'est un film que j’avais initialement prévu de ne pas voir :  le livre était si édifiant que j’imaginais mal comment des images pouvaient être posées dessus.

Mais, intriguée par l'emballement adolescent Tiktok, découvert lors d'une récente interview de Jeau-Paul Rouve  (lui même surpris de cette ampleur), je réserve ma place pour samedi 18h; il pleut dehors, la salle est comble. Des gens jeunes (pour mon cinéma et ma ville c’est assez hors du commun pour être souligné..)

Bilan : 2 h difficile à supporter. Deux heures pénibles qui m’ont confirmé qu'il fallait effectivement s'abstenir de ces images. 

Si l'amour de Vanessa pour Mazneff et la manipulation dans le livre sont criants, à l’écran rien de tel. On y voit une fillette tombé du nid, mi-apeurée, mi-rebelle mais pas séduite et manipulée comme on peut le comprendre dans le livre. Car c'est là le modus operandi de ce pédocriminel, parler, séduire, enserrer ses proies dans ses serres d'homme de lettres. Réussir par les mots à faire passer l’inacceptable pour de l'amour, de la passion sans limite d'âge. 

Même l’époque n'est pas si bien transcrite, la complaisance de la bourgeoisie parisienne des années 80, la liberté sexuelle revendiquée par certains,  le fameux « il est interdit d'interdit de l'époque »...tout est tellement  plus prégnant dans les pages du livre. 

Quant aux acteurs et personnages, je suis mitigée. Rouve est irréprochable: dérangeant à souhait. En revanche, j’espérais un peu plus de Laetitia Casta, en mère alcoolique, égoïste et séductrice. J’ai trouvé qu’elle ne nous donnait pas les clefs pour comprendre l’énigmatique attitude de cette femme que j'avais tant questionné lors de la lecture. Comment peut elle laisser sa fille dans les pattes de cet homme ? On aimerait que la cinéaste laisse entrevoir cela. Rien de tel...

Enfin, à aucun moment le film ne laisse la possibilité au spectateur de ressentir. Il nous donne juste à voir sans nous laisser l'occasion de nous mettre dans la peau de Vanessa, voir de sa hauteur, de son innocence. 

J'en suis sortie très mal à l'aise.

Comme quoi la littérature fait souvent mieux que le cinéma pour raconter l'indicible. 

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