4 septembre 2022

Lectures de vacances à vélo

Notre rando vélo estivale m'aura entre autres plaisirs, permis de me réconcilier avec la lecture, devenue difficile pour moi ces dernières semaines. 

3 livres pour une semaine de pédalage, un chouette rendement et surtout deux bien belles lectures. 

  • Il y eu d'abord un petit bijou de cynisme d'Hervé le Telllier : "Toutes nos familles heureuses". Dépourvu de tout filtre, Le Tellier nous offre un récit acerbe sur ses ancêtres. Tout simplement réjouissant !  
  • Puis, dans un court roman, Jean Louis Fournier, bien moins acide qu'à l'accoutumée rend un très bel hommage à sa mère dans "Ma mère du Nord". Le livre fait écho à " Il a jamais tué personne mon papa" qui racontait l’alcoolisme paternel et ses conséquences familiales. C'est désormais sa mère l’héroïne, toujours dans l'ombre. Une lecture particulièrement émouvante.
  • Beaucoup moins mémorable enfin, "Haute saison" d'Adèle Bréau, un feelgood book, cousu de fil blanc mais néanmoins plaisant comme habituellement avec cette autrice.

Le coeur et le chaos

Impossible de me souvenir quel compte Instagram m'a permis de découvrir cet âpre et moderne roman choral. Merci à lui, quel qu'il soit. 

Le cœur et le chaos, c'est 3 personnages, 3 destins, qui se croisent. 

Aurélien, 30 ans, rêveur et raveur paumé. Alice, radiologue, perdue dans une vie trop conformiste, tentant d'exister au travers de sites adultérins et qui se noie dans une boulimie sexuelle. Et enfin, Iris, quatre-vingt-dix printemps, égarée dans un appartement trop grand luttant vainement contre une saleté d’Alzheimer. 

Dans un Paris moite et en proie aux mouvements sociaux, ces trois êtres en souffrance vont se croiser. Il suffit parfois de pas grand chose, un vélo de livraison, un banc, un IRM. Ils veulent tous partir. Dans l'autre monde pour Iris, vers une autre vie pour Alice et vers des horizons plus bleus pour Aurélien.

Une lecture rude pour moi à certains égards, tant les sujets étaient d'actualité mais qui résonne vraiment fort, y compris plusieurs jours après la dernière page. 

C'est d'ailleurs dans le jardin de la maison familiale que j'ai terminé cette lecture, profondément bouleversée par ces mots  : « Jeune, je vivais comme tous les jeunes, en ignorant la mort. Je me gargarisais par ailleurs de l’accepter a priori parce que ça n’engageait à « rien, parce que c’était si loin. La vie éternelle me faisait horreur, elle ôtait tout intérêt à l’existence en n’y opposant aucune limite. Je ne crois pas pouvoir affirmer que l’idée d’une vie éternelle me soit aujourd’hui beaucoup plus séduisante, même si elle était vécue dans de bonnes conditions physiques et psychiques, mais enfin, mon approche de la mort n’en est pas moins fondamentalement différente. Son imminence bouleverse nettement l’idée qu’on s’en fait". 

Comme m'a dit très justement ma mère, "étrange comme tu aimes les histoires de gens cabossés toi". Je n'ai pas été déçue.

La commodes aux tiroirs de couleur

"Emportée" serait le mot le plus adéquat pour décrire mon sentiment à la lecture de ce court roman. Sa couverture bariolée me tentait depuis des mois, à chaque relais H, chaque visite à la librairie.  J'avais même réussi à résister à la tentation du supermarché, lors de notre rando-vélo faute de place dans la sacoche ! C'est finalement lors d'une escale SNCF libournaise, un peu à court de littérature, que je m'autorise le craquage. Sans regret ! 

En 10 chapitres, ouvrant un tiroir pour chaque tranche de vie,  Olivia RUIZ nous raconte l'histoire, superbe et haletante de sa grand mère adorée, Rita, petite gamine espagnole ayant fuit la guerre civile puis amante, mère, épouse.  

Jamais de mièvrerie dans l'écriture mais un beau regard sur la vie de femme et une ode à l'amour sous toutes ses facettes : amour maternel, amour passionnel et charnel avec Rafael, amour sororal, amour infini de ses petits enfants...

La fin est étonnante, pleine de folie et d'espoir. 


Triste tigre

C'est en voyant Neige Sinno dans C à vous, que j'ai eu envie de lire Triste Tigre. Son air triste, ses yeux baissés, cette façon de ...