26 avril 2014

96 heures

Pour la faire courte, en matière de thrillers, j'aime bien quand je comprends à peu près l'intrigue, quand il y a de la testostérone et un flic ténébreux. J'ai été servie avec 96 heures. L'histoire tient la route : un sale type, Victor Kancel (Niels Arestrup), kidnappe celui qui l'a fait incarcérer trois ans plus tôt, chef de la brigade de répression du banditisme (Gérard Lanvin). Pendant 96 heures il va le retenir prisonnier pour lui faire cracher le nom de son indic. Pendant 96 minutes (est-ce volontaire?) nous sommes dans un quasi huis-clos dans une maison épurée où les méchants ont l'air très méchants et où l'on sent monter la tension, le désir de puissance et de vengeance de Kancel. Les personnages secondaires (Sylvie Testut et Laura Smet) trouvent aussi  leur place, et l'histoire tient en haleine. Bref, un assez bon thriller français, ça vaut le coup d'être souligné. 

Pas son genre

Foncez-voir cette très belle et improbable rencontre entre Jennifer, coiffeuse à Arras et Clément, professeur de philosophie, parisien, cultivé accessoirement auteur. 
Pour l'anecdote: ça commence sur les chapeaux de roue. Clément apprend qu'il doit partir à Arras, le recteur lui répond ça pourrait être pire "Charleville Méziere" et Clément de répondre : "pourquoi pas Limoges aussi?" (J'étais la seule à rire!!) 
Voilà notre bel enseignant débarquant dans la ville du nord, logé  à l'hôtel, qui fait la connaissance de la pimpante et optimiste coiffeuse. Lui est silencieux, à l'écoute, elle est volubile, gaie. Elle aime les karaokés dans lesquels elle "chante sa vie" avec ses deux copines du salon (extraordinaire de sincérité lorsqu'elle chante sans doublage !) , Clément lit Kant et Dostoïevsky, Jennifer aime Anna Gavalda et lit Public (en rêvant d'une vie de couple façon Aniston/Theiroux).
Lucas Belveau filme avec beaucoup d'intelligence leur premier Perrier, leurs premiers cinéma/baiser/resto/nuit/surnom... Mais aussi les premiers doutes de Clément face à cette femme radieuse mais si différente de lui. Le film devient alors plus sombre, grave et compliqué. Il montre que ce qui sépare les deux êtres, c'est la culture mais plus que ça, l'origine, le milieu. Est-on prisonnier de son milieu social? Peut-on, au delà des premiers mois de passion charnelle dépasser le fossé de l'érudition? Car même si Jennifer raisonne souvent avec beaucoup de finesse (elle est "kantienne" lui dit Clément), est-ce assez ? 
A voir assurément!! 
Et la très belle émission : 

22 avril 2014

Une promesse

J'ai bien aimé Une Promesse pour diverses raisons. Parce que c'est un film d'amour adapté d'une nouvelle de Zweig, tout en lenteur et en pudeur. Parce qu'entre la jeune et ravissante épouse du vieil entrepreneur malade et le jeune secrétaire, on sent cette flamme non avouée mais évidente. Parce que Patrice Leconte nous fait ressentir l'émoi, le manque de l'autre et la peur de se perdre. 
Avis aux amateurs de fougueux baisers et d'intrigue : passez votre chemin, c'est tout l'inverse, et c'est de mon point de vue, le charme de ce film. 

21 avril 2014

Baby-sitting

Comédie originale mais trop longue au démarrage... Voilà la première pensée que j'ai eu à l'issue de la projection. L'histoire c'est celle de Franck, dessinateur de BD amateur qui cherche un éditeur. Un jour, son richissime patron Gérard Jugnot lui promet de jeter un œil à ses planches s'il accepte de garder son môme, Rémi l'insupportable. Sauf que la soirée ne se déroule pas comme prévu puisque les potes de Franck débarquent pour les 30 ans de l'apprenti baby-sitter, dans la maison d'architecte, ou s'entreposent œuvres d'art et animaux de collections. A leur retour, au petit matin, le couple parental (jugnot et la princesse couraut) retrouve la maison retournée, sans gamin et une vidéo de la soirée...
Le film est assez original puisque tout est filmé à la caméra amateur par les potes ivres morts. On les suit tout au long de la soirée, de l'arrivée de la stripteaseuse jusqu'à la fête foraine en passant par la course de Mario kart. Ça fait amateur (c'est le but), c'est un peu le bordel (c'est aussi le but), c'est très alcoolisé (c'est très classique en soirée), c'est un peu moralisateur et ça finit comme un conte de noël mais ce n'est pas détestable. De là à dire que c'est LA comédie française que l'on attendait (comme j'ai pu le lire) non, non et re-non! 

20 avril 2014

Barbecue

Je m'aperçois que mes avis sont probablement biaisés par la qualité de ma journée. Parce qu'entre nous soit dit, ce film de vacances entre potes avec Lambert Wilson, Florence Foresti, Franck Dubosc est loin d'être un bon film. Et pourtant, je n'ai pas passé un moment désagréable. C'est un peu l'esprit "cœur des hommes" (le premier), avec plus de barbaque et de pinard, Dubosc est supportable (l'âge, peut être...) et quelques répliques sont marrantes. Reste que c'est du vu et revu. Ma conclusion, journée pourrie, humeur triste + navet sympathique/plein de bon sentiment = Avis presque positif!

18 avril 2014

Les yeux jaunes des crocodiles

En 2008, la lecture du livre pavé de Katherine Pancol m'avait franchement ennuyée : ses personnages ne m'ont jamais touchée et son ecriure ne me "parle" pas. 
En 2014, la version film ne m'a pas transportée non plus.
Côté acteurs, rien à reprocher : Emmanuelle Beart, lèvres gonflées à l'hélium est parfaite dans le rôle d'Iris, personnage égocentrique et insupportable. Julie Depardieu incarne sa sœur, celle que l'on a moins aimée, moins flattée, petite chose frêle à l'air abattu. Bruel est bon (comme d'habitude! C'est un bon acteur, je persiste) et Alice Isaaz incarne avec pas mal de finesse cette nièce manipulatrice, quasi diabolique (elle ira loin cette petite!!) Et pourtant, ça sonne faux, ça manque d'âme, de cœur... et de cinéma! Les plans figés se suivent, les lumières artificielles sont étranges, les baisers sous la neige ont un air de téléfilm, les décors frôlent parfois le carton pâte (volonté de la réalisatrice?) et au final, c'est comme si la machine ne prenait jamais. Au fond, je n'y ai vu que la mise en image, de pages qui ne m'avaient déjà pas séduites.

Dancing in jaffa

Emouvante que cette histoire d'un professeur de danse de salon dont le rêve est de faire danser des enfants palestiniens et israéliens. 

13 avril 2014

Avis de Mistral

Ou plutôt "Avis de navet"
Présenté comme une "bonne petite comédie à regarder en famille" par les spectateurs (4 cœurs spectateur sur allociné), je me suis aventurée. 
Étonnamment la presse s'était gardée de tous commentaires. Tu m'étonnes!! C'est tellement raté que c'est à pleurer de rire. Une histoire gnangnan, des clichés à la pelle, des dialogues dignes d'AB production et le pire : Jean Reno. 
L'histoire c'est celle de 3 gamins (2 ados et un plus petit) qui se retrouvent pour les vacances d'été chez un grand-père acariâtre (Jean Reno) qu'ils n'ont jamais vu (leur mère s'étant barrée à 17 ans du cocon familial). Comme Mamie a gardé le contact, elle part à Paris récupérer les gamins (dont les parents sont entrain de divorcer) pour les rapatrier dans la maison du Midi. 
Au programme: conflit de génération (ex: le vieux s'entrave dans la prise de l'iMac) et déballage de secrets de famille. Mais comme c'est pour toute la famille, tout est bien qui finit bien, chacun met de l'eau dans son vin (ou son pastis) et s'apprivoise  (ne m'accusez pas de spoiler, c'est couru d'avance).
Ajoutons quelques amourettes d'été pour les deux ados: avec le pizzaïolo (accessoirement trafiquant de coke) pour la fifille, la marchande de glace (Aure Atika) pour le grand (particulièrement travaillé par les hormones).
Il y a tous les clichés possibles et imaginables : les accents, les cigales, les oliviers, les ballades à cheval en Camargue, le thym, la garrigue. Coté acteurs, c'est facile, les plus vieux sont les pires. Le meilleur, c'est le petit dernier, qui du haut de ses 5 ans mais peu de dialogues (il est sourd) se révèle être le plus attendrissant. Jean Reno est de très loin le plus mauvais, voire ridicule. On ne croit en rien, ni à son alcoolisme, ni à son passé de biker soixante-huitard. 
Passé, qui donne lieu à des scènes plus ridicules les une que les autres. Pour exemple, grâce au petit-fils un peu geek (par "geek", entendre "inscrit sur Facebook"), papy Réno retrouve ses potes de Woodstock, bikers (évidemment barbus et tatoués) qui ne disent pas " il faisait froid"  mais "on se gelait les couilles". Poncifs, quand tu nous tiens...
J'oubliais,  parmi les vieux potes: Hugues Aufray et sa guitare. Le joint tourne, les souvenirs refont surface et là, on demande à Hugues Aufray (je vous le jure) : "et toi, dis-moi, tu t'es marié?" Il attrape la guitare... j'ai cru qu'il allait nous faire un couplet de "dis-moi Céline" !!! 
Bref, fuyez!

6 avril 2014

Nebraska

Ce film d'Alexander Payne (dont j'avais aimé " the descendants" ) m'a fait passer par tous les sentiments. Dans un premier temps, j'ai eu (je l'avoue) du mal à rentrer dans le film, probablement à cause de sa lenteur et son noir et blanc. Attirée par le pitch et de bonnes critiques presse, j'y allais optimiste! Pourtant, pendant toute  la première demi-heure, j’étais dubitative.  L'histoire est la suivante: le vieux Woody, persuade d'avoir gagné à la loterie rêve d'aller chercher son lot (et s'acheter une camionnette et un compresseur!). Sauf qu'il n'est plus du tout capable de conduire. Son fils, David, pour l'apaiser décide de l'emmener à Lincoln chercher ce million de dollars qui n'existe que dans son esprit. Sur la route, ils vont s'arrêter dans la ville natale de Woody, et y retrouver sa famille (des personnages mesquins, aussi cupides que stupides) des vieilles connaissances mais aussi des êtres dont la mémoire va permettre a David de connaître mieux ce père taiseux. Et au fur et à mesure, une certaine magie opère. On se met à savourer ce noir et blanc, ces visages ridés, cette musique (comme une ritournelle). On s'enfonce avec eux (et beaucoup de plaisir) dans cette Amérique profonde, hors du temps, dans une de ces villes sans charme, ou les vieux regardent passer les pickups. On s'attache à Woody ce père farfelu qui a perdu la boule et son fiston, qui cherche surtout à (re)trouver son paternel. Leur mère (sacrée bonne femme) et le frère, les rejoindront plus tard J'ai ri (magiques scènes du compresseur!!) et j'ai pleuré aussi devant un final un peu attendu mais poignant. J'en suis sortie, les yeux tout humides, mélancolique, en me disant, que c'était sacrément émouvant.

4 avril 2014

Regarde les lumières mon amour d'Annie Ernaux

Quel pertinence! Quel regard! 
Ou comment allier talent d’écrivain et étude sociologique. Annie Ernaux (dont je n'avais rien lu jusque là) s'est glissée pendant un an dans un hypermarché Auchan, s'est fondue à la masse, a scruté les détails, les visages, les comportements. En 70 pages, on la suit avec un plaisir infini dans ses rayons sans fin, on fait la queue avec elle, on tâte les fruits, on s'énerve contre un chariot réticent mais surtout on s'émerveille de son analyse si fine. Je l'ai lu d'une traite et reposé à regret, en me disant "j'en aurais bien pris une deuxième part!"
Enfin, j'adresse un double merci: à l'humeur vagabonde d'abord pour cette jolie interview de l'auteur, entendue un soir de retour du boulot (Annie Ernaux s'y dévoilait, lisait quelques extraits et nous mettait l'eau à la bouche) et au billet de "Sans connivence" ensuite, qui a fini de me convaincre de foncer acheter ce livre (au prix dérisoire). 

1 avril 2014

La crème de la crème

Pour vous resituer le contexte: mardi soir, avant-première , moyenne d'âge de la salle : 20 ans , public tout droit sorti des écoles de commerce/ingénieur/business schools and co. L'histoire: 3 jeunes étudiants brillants, montent au sein d´une prestigieuse et élitiste école de commerce (HEC pour ne pas la nommer) un réseau de prostitution chic sur des principes tout droit sortis de leurs cours de management/gestion/business. Sauf que les cours on ne les voit jamais et c'est bien cela l'idée . "Tu n'es pas là pour apprendre mais pour te faire un réseau, des potes utiles" rétorque l'un deux. Ils ont tout compris, la machine est lancée, le phénomène s'emballe, les billets pleuvent et les corps s'emballent. Tout sonne vrai, les concours de glissades dans les couloirs de l'école, les soirées au champagne sur les lacs du Connemara, le sexe sans amour mais bien alcoolisé et les drogues chics (MDMA). C'est hyper rythmé, les dialogues sont ciselés, le propos est cynique, décapant, irrévérencieux. Le film est une satire, qui décrit avec talent la perversion mais pas la perversion sexuelle, celle d'une génération, d'une élite en devenir, dressée (et ce dès les premiers jour) à coup de "vous êtes la crème de la crème". Les acteurs sont brillants! Personnellement, j'ai adoré.

Situation amoureuse: c'est compliqué

Petite comédie inégale.
La première moitié est vraiment marrante, les personnages rapidement attachants. Manu Payet incarne un sympathique trentenaire rattrapé par ses amours adolescentes, mais c'est surtout Anais Demoustier (quel charme fou et quelle fraîcheur) qui donne du peps au film. Le problème, c'est que passée la première heure, le film patine dans la choucroute et la deuxième moitié est carrément moins réussie.  Il y a même quelques gros passages à vide, des scènes sans réel intérêt narratif, pas drôles et qui semblent flotter dans le film. La fin, plus légère, rattrape le coup et fait que j'en suis sortie avec une impression  globale plutôt positive.


Pilules Roses, De l’ignorance en médecine » (Stock, 2023) de Juliette Ferry-Danini

Le SPASFON (phloroglucinol), vous connaissez bien sûr ! Qui n’a pas reçu, au cours de sa vie ce comprimé rose fuchsia, dragéifié façon bonbo...