Une fois de plus sous le charme de l'écriture de Valérie Perrin qui m'avait déjà ravie avec "
Les oubliés du dimanche". Bis repetita.
Il m'aura fallu moins d'une semaine pour terminer les presque 700 pages de "Changer l'eau des fleurs". Pour faire taire d'emblée les amateurs de lectures sibyllines et autres romans tortueux : passez votre chemin, c'est tout sauf prise de tête ! "Feel good book" diront certains: oui et non. Avant de vous expliquer pourquoi, posons les bases...
Violette Toussaint est garde cimetière (quand on s'appelle Toussaint, ça aide!) : une reconversion professionnelle pour cette ancienne garde barrière (oui, les barrières de passage à niveau c'est plus très à la mode alors que garde cimetière, c'est pérenne comme job). Autour de Violette gravitent des morts (et leur famille) dont elle s'occupe avec un infini respect et surtout des vivants...Philippe, l'ex mari, les fossoyeurs, le Père Cédric, le curé, un avocat tombé du ciel, et des animaux (des chats notamment). Si la vie de cette gardienne de cimetière est désormais agréablement rythmée par les cérémonies, la compilation dans un carnet de chaque enterrement, le nettoyage des tombes, on comprend au fil des pages que le passé n'a pas été simple. Comme dans "
Les oubliés du dimanche", le secret pointe son nez et vient donner un vrai rythme à l’histoire avec des retours en arrière, des êtres qui se dévoilent et une vérité parfois dure.
Alors, oui, à plusieurs égards : c'est clairement un roman positif, où se croisent des personnages croqués avec tendresse et des situations peintes avec délicatesse...mais non parce que ce serait réducteur! Chaque personnage laisse au fil des pages, entrevoir un passé plus ou moins complexe, des fêlures et l'espoir d'une incertaine reconstruction (résilience ?) finale, pas si habituelle dans les classiques "pages turner estivaux".
Enfin, merci à Valérie PERRIN de m'avoir fait redécouvrir un poème de Jacques PREVERT incroyable ...
Un village écoute désolé
Le chant d'un oiseau blessé
C'est le seul oiseau du village
Et c'est le seul chat du village
Qui l'a à moitié dévoré
Et l'oiseau cesse de chanter
Et le chat cesse de ronronner
Et de se lécher le museau
Et le village fait à l'oiseau
De merveilleuses funérailles
Et le chat qui est invité
Marche derrière le petit cercueil de paille
Où l'oiseau mort est allongé
Porté par une petite fille
Qui n'arrête pas de pleurer
Si j'avais su que cela te fasse tant de peine
Lui dit le chat
Je l'aurais mangé tout entier
Et puis je t'aurais raconté
Que je l'avais vu s'envoler
S'envoler jusqu'au bout du monde
Là-bas où c'est tellement loin
Que jamais on n'en revient
Tu aurais eu moins de chagrin
Simplement de la tristesse et des regrets
Il ne faut jamais faire les choses à moitié