Spontanément, je serais probablement passée à côté de ce bijou si mon amie N.V n’avait pas eu l’excellente idée de me l’offrir. J’aurais pensé : « Un livre qui parle d’allaitement et de maternité ? Bof… pas trop pour moi. » C’eût été une grossière erreur. Dans ce premier roman, Séverine Cressan met en scène, à la façon d’un conte universel (l’époque n’est jamais précisée, 18e, 19e, Moyen-Âge ?), l’histoire des nourrices. Ces femmes qui donnent ce qu’elles ont de plus précieux : leur lait, pour nourrir les enfants des autres. Certes, c’est un travail rémunéré, mais la relation est bien là : charnelle, tactile, presque animale. Les scènes d’allaitement sont d’une grande beauté.
Quant au lien entre ces femmes et les enfants, cette place de mamig, celle qui ne porte pas l’enfant mais l’accueille, le nourrit, s’y attache profondément, il est décrit avec une justesse rare. Et c’est précisément là que le texte m’a émue : je ne suis pas mère, je suis belle-mère. J’ai compris qu’un attachement peut se construire autrement, sans la biologie !
J’ai aussi découvert un univers que je ne soupçonnais pas : celui où le lait devient marchandise, géré par des hommes brutaux et où la femme est un gibier ou un outil de profit. Certaines scènes sont particulièrement éprouvantes et continuent de résonner.
Mais au milieu de cette violence: quelle belle leçon de sororité ! Sans trop divulgâcher l’intrigue, une scène de chants de femmes m’a infiniment marquée et étonnée par sa modernité dans le propos.
Un livre très puissant.

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