16 novembre 2014

Magic in the Moonlight

Je laisse aujourd'hui la place à mon ami E. pour cette bien jolie critique...

Autant jouer franc jeu : si, à l’image d’Isaac Davis dans Manhattan, je récapitulais les raisons pour lesquelles la vie vaut la peine d’être vécue, nul doute que le pèlerinage automnal jusqu’à la rue Georges Bonnac pour la sortie du nouveau Woody Allen figurerait en bonne position, quelque part entre l’omelette aux cèpes (du Périgord) et le coucher du soleil sur l’Atlantique depuis les collines qui surplombent Saint-Jean de Luz. Image de carte postale…
 
Images de cartes postales, dues celles-ci à Darius Khondji (qui officiait déjà à la photographie sur « Midnight in Paris ») : des paysages de la campagne niçoise inondés de lumière orange, une femme et un homme vêtus de blanc se promenant côte à côte dans une roseraie, des étoiles scintillant à intervalles réguliers comme d’improbables diamants dans un ciel d’une absolue noirceur… 
 
D’une absolue noirceur le propos de ce film drôle et enchanteur, où l’amour triomphe des différences et des préjugés et l’amitié des coups-bas, où l’on joue la sérénade, boit beaucoup de whisky, cite Dickens (à peu près) et Nietzsche (au fait : Dieu est mort, au cas où vous ne seriez pas au courant), et qui ne nous dit enfin qu’une seule chose : à quel point nous avons besoin que l’on nous raconte des histoires, tant il est impossible de vivre dépouillé de ses illusions.
 
            L’illusionniste s’appelle Woody Allen et l’histoire qu’il nous raconte est servie par un sens du rythme, de la direction d’acteurs et des dialogues (celui entre Stanley et sa tante Vanessa au cours duquel, par antiphrases, elle lui fait avouer ses sentiments pour Sophie, est une merveille de délicatesse) dignes de ses meilleures comédies. Et si ce n’est pas une raison suffisante pour que la vie vaille la peine d’être vécue, accordez moi au moins que cela vaut bien une carte postale. De celles que l’on envoie quand on a envie de partager son bonheur et son émotion.

1 commentaire:

  1. Bien dit E!!!
    Merci encore du conseil...
    J'avais le sourire pendant tout le film (et ce matin, en y repensant aussi!!) Bercée par plein d'émotions! Que d'humour, de tendresse, d'ironie. Merci Woody par ce jeu de dupes, jeux de lumières, jeu de rôles! Vous êtes un génie, non, un MAGICIEN.

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